Trois bons résumés de la découverte par trois journalistes scientifiques :
- Hervé Morin dans Le Monde;
- Ed Yong dans The Atlantic;
- et Carl Zimmer dans le New York Times.
Outre leur âge qui fascine — les différences avec nous sont suffisamment minces pour que ces squelettes soient qualifiés de « modernes » —, l’autre question que pose cette découverte est celle de l’origine de l’Homo sapiens. Plutôt qu’une espèce qui se serait différenciée des autres espèces humaines il y a 200 000 ans en Afrique de l’Est, plutôt qu’une émergence unique au Maroc il y a 300 000 ans, faudrait-il plutôt parler d’une émergence « pan-africaine » ? C’est la question qu’explorent les journalistes :
- Ewen Callaway dans Nature;
- et Brian Resnick dans Vox.
L’anthropologue John Hawks, dans son entrevue avec Resnick, utilise la métaphore suivante :
Imaginez que vous teniez la main de votre mère, votre mère tient la main de sa mère, et la chaîne continue tout le long jusqu’il y a 300 000 ans. « Ce dont nous parlons ici, c’est de 10 à 15 000 personnes. La population d’une petite ville, c’est ce qui vous connecte sur cette échelle de temps. » Vous êtes connecté à la personne à la fin de la chaîne, et pourtant elle ne vous ressemble pas exactement. Le visage est le même, mais le crâne est un peu plus petit. Peut-être que vous aurez plus de mal à tenir une conversation rapide. Cette personne est tout à la fois comme vous et différente. Les fossiles ne sont toutefois pas aussi clairs. « Je ne peux pas encore relier tous les points. Il y a trop peu de points. Vraiment trop peu. » Nous n’avons pas tous les liens dans la chaîne de votre mère jusqu’à nos mères d’il y a 300 000 ans.
La recherche, dirigée par Jean-Jacques Hublin, de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste en Allemagne et du Collège de France, fait l’objet de deux articles parus le 7 juin dans Nature, l’une sur l’âge de ces fossiles, l’autre sur les fossiles proprement dits.
Ajout 8 juin 22h: Maroc, Afrique du Sud et ailleurs : pour une mise en contexte, ce texte de l'anthropologue américain John Hawks.