Mars-paysage

La colonisation de Mars est de retour dans l’actualité, gracieuseté d’Elon Musk. L’homme d’affaires un brin excentrique évoque à nouveau cette semaine son idée d’envoyer un million d’humains sur Mars d’ici 2050. Or, le principal obstacle n’est pas la quantité phénoménale de lancements que cela pourrait signifier, mais la quantité de radiations à laquelle ces « Martiens » devraient tenter d’échapper.

À la base, il faut se rappeler que Mars n’a qu’une très mince atmosphère et un champ magnétique relativement faible —deux choses qui, sur Terre, nous protègent en bonne partie des radiations venues du soleil et du reste du cosmos. Même en vivant dans un bâtiment souterrain protégé par des mètres de roc et même en enfilant un bon scaphandre pour sortir, ça ferait davantage de radiations pour une personne désireuse de passer le reste de sa vie sur la planète rouge, que pour son homologue resté sur Terre.

Ce genre de choses peut être calculé, notamment grâce au détecteur de radiations installé sur la sonde Mars Curiosity. Comme le rappelle l’astronome américain Caleb A. Scharf dans un récent texte d’opinion, on devient même capable d’évaluer les radiations secondaires, c’est-à-dire celles causées par une collision entre une radiation cosmique et un noyau atomique enfoui dans le roc martien —une collision générant des rayons gamma, entre autres.

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Il existe une étude de 2014 qui, parue dans Science, estimait, sur la base de toutes ces données que, pour un astronaute ayant effectué le voyage Terre-Mars en un an, et ayant séjourné sur Mars pendant 500 jours, le risque de cancer n’était que de 5% plus élevé que pour un Terrien normal. Toutefois, si on imagine un séjour là-bas se mesurant en décennies, le niveau total d’exposition aux radiations envoie cet humain dans une zone inconnue, de loin supérieure à ce à quoi sont exposés les travailleurs du nucléaire ou de l’électricité.

Et bien que les inquiétudes dont il est question ici tournent presque toujours autour des risques accrus de cancers —les radiations solaires ou cosmiques étant suffisamment puissantes pour briser les liens entre nos molécules, incluant notre ADN— ce dont il faut se préoccuper ne s’arrête pas qu’à ça. Des recherches récentes soulèvent l’hypothèse que des fonctions neurologiques puissent être affectées par les radiations. Et on sait encore très peu de choses de notre microbiome —l’écosystème microbien qui vit en nous— et de sa vulnérabilité (ou non).  

Enfin, comme le rappelle Caleb Scharf, il existe une grande différence entre une poignée d’astronautes qui sont entraînés et suivis en continu par des experts médicaux et des appareils à la fine pointe de la technologie, et un million de personnes pressées de mettre à leur main leur nouvelle planète. 

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