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Les sécheresses majeures de 2022 en Amérique, en Europe et en Asie, ont suscité un regain d’intérêt pour les historiens du climat: les données qu’eux ont accumulées sur les méga-sécheresses des deux derniers millénaires font ressortir des signaux d’alarme communs.

Certes, une méga-sécheresse entraîne un effondrement de la production agricole dans la région touchée, et tout ce qui vient avec, de l’insécurité alimentaire jusqu’à des famines. Mais ces impacts peuvent eux-mêmes en entraîner d’autres: des migrations massives et des perturbations politiques qui peuvent s'étendre sur des décennies, voire aller jusqu'à un effondrement.

Les historiens associent ainsi l'effondrement de la civilisation maya, entre les années 750 et 1050, en partie aux méga-sécheresses : celles-ci auraient provoqué, ou du moins accéléré —des guerres ont pu entrer dans l’équation— l’abandon des villes qui, à leur sommet, regroupaient 11 millions d’habitants.

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De la même façon, une méga-sécheresse en Asie du Sud-Est entre 1344 et 1367 aurait contribué dans les décennies suivantes à l’effondrement de la capitale de l’Empire Khmer, Angkor.

Si toute comparaison entre une société d'il y a plusieurs siècles et nos sociétés mondialisées reste difficile, il n'en demeure pas moins que des perturbations à long terme sont inévitables. Le New Scientist donne l’exemple de l’Inde, où une méga-sécheresse de 1875 à 1878, a provoqué une série de famines auxquelles les historiens attribuent plus de 50 millions de morts.  

Même un pays riche comme les États-Unis n’est pas à l'abri de telles perturbations. Des coupures d'eau dans le sud-ouest en raison de l'assèchement du fleuve Colorado —il est plus à sec qu’il ne l’a été depuis au moins 1200 ans, et le tendance ne semble pas s’inverser— affecteraient des dizaines de millions d'habitants, en plus de réduire à néant une partie de l’industrie agricole. Assez pour provoquer un exode vers d’autres régions du pays, qui ne seraient pas toutes capables d’absorber cet afflux de population, provoquant une montée du chômage et de l’inflation, des tensions politiques et sociales, voire de la violence. Si le passé des autres peuples victimes de crises similaires doit servir de leçon, la vitesse à laquelle le pays réagira sera déterminante sur le temps qu’il lui faudra pour surmonter la crise —ou ne pas la surmonter.

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