Groupe de chimpanzés

Les chimpanzés vivent eux aussi une ménopause. Ce qui ne simplifie pas la compréhension de ce phénomène hormonal que l’on croyait jusqu’ici réservé aux humaines et à quelques mammifères marins.

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Il faut dire qu’une caractéristique de la plupart des mammifères, c’est l’espérance de vie relativement courte une fois passé l’âge de « fertilité ». C’est ce qui a traditionnellement rendu difficile l’étude de ce sujet dans la nature : le trop petit nombre de « participantes », en plus du fait que ça nécessite des années d’observations. 

Pour contourner ces obstacles, une équipe d’anthropologues et de biologistes de sept institutions des États-Unis s’est tournée vers des données démographiques récoltées pendant 21 années d’observations dans le Parc national Kibale, en Ouganda. Ces chercheurs ont ainsi pu « observer », rétroactivement, 185 femelles, à travers leur taux de mortalité par âge, et les taux d’hormones mesurés dans des échantillons d’urine recueillis chez 66 des plus âgées, au fil des années. 

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Ce serait la première fois qu’on peut documenter la ménopause chez des primates autres que nous, insiste l’étude parue le 27 octobre dans la revue Science

Derrière tout cela, il y avait une idée qui avait pris racine il y a longtemps dans la biologie de l’évolution, appelée l’hypothèse des grands-mères. Énoncée pour la première fois en 1966 par le biologiste britannique William Hamilton, il s’agit de l’idée selon laquelle l’allongement de l’espérance de vie des femmes loin au-delà de la période au cours de laquelle elles peuvent avoir des enfants, aurait eu une influence  positive sur le cours de l’évolution humaine. Cela aurait permis l’émergence d’une nouvelle génération —les grands-mamans—  qui, dans les communautés humaines, pouvaient veiller sur les enfants. Et, du coup, augmenter leurs chances de survie, dans un contexte où, au cours du dernier million d’années, les bébés humains sont nés avec de plus en plus d’années pendant lesquelles ils sont encore incapables de survivre par eux-mêmes. 

Cette hypothèse en prendra toutefois un coup s’il se confirme que les humaines ne sont pas les seules à vivre une ménopause. Les données démographiques récoltées par ces chercheurs révèlent une espérance de vie plus élevée que ce qu’on croyait chez les femelles chimpanzés: en moyenne, elles ont passé un cinquième de leur vie adulte dans cette « période post-reproduction ». Et ce qu’on peut mesurer de leur « transition hormonale » semble similaire à ce qu’on peut mesurer chez nous. 

Il reste la possibilité que la population de chimpanzés de cette région de l’Ouganda soit une anomalie. Pour le savoir, il faudra plonger dans d’autres bases de données accumulées dans d’autres études réalisées pendant de longues périodes de temps sur d’autres primates —ou bien investir, dans le futur, dans davantage d’études à long terme. L’intérêt, ici, étant de comprendre un phénomène qui touche la moitié de l’humanité et dont on ignore pourtant l’origine...

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