La une des médias nous apprenait récemment les déboires du chercheur sud-coréen  falsifiant ses résultats afin de faire croire qu'il avait réussi le clonage de cellules souches. Ces évènements invitent à revenir sur le sujet, même si un précédent blogue l'a brièvement abordé. Faisons le point sur les cellules souches !

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Nous ne parlerons ici que du clonage thérapeutique qui vise à produire des cellules souches utilisables comme traitement. La technique s'effectue en transférant un noyau de cellule somatique (n'importe quelle cellule du corps sauf les sexuelles) dans un ovule dont le noyau a été préalablement retiré. Cet ovule a le potentiel de multiplier ses cellules et de se différencier. Le développement de l'embryon est arrêté afin de cueillir ces cellules souches et de les utiliser comme traitement.

 

Une des caractéristiques des cellules souches tient dans le fait qu'elles n'ont pas de fonction précise; elles sont indifférenciées. Cet état n'est pas permanent; en se développant, elles acquièrent une fonction bien précise. Par exemple, elles peuvent se spécialiser en cellules cardiaques, en cellules du foie et bien d'autres.

 

Les cellules souches suscitent beaucoup d'espoir. En effet, puisqu'elles n'ont pas de fonction prédéfinie mais se spécialisent lors de leur développement, elles pourraient être utilisées pour remplacer des cellules malades, mortes ou vieillies. L'intérêt de cette application tient à l'absence de risque de rejet. En remplaçant le noyau de l'ovule par un noyau (lieu de l'information génétique) d'une cellule du donneur-receveur, les cellules  se multiplient et forment un embryon qui a le même bagage génétique que le receveur. La génétique est donc à la base de ce procédé. L'ADN des cellules souches identiques à l'ADN du receveur garantit la compatibilité immunologique, donc pas de risque de rejet.

 

Le traitement par cellules souches pourrait être appliqué dans le cas de nombreuses maladies toujours sans traitement efficace, tel l'Alzheimer, le Parkinson ou les maladies cardiaques. Ou encore, on pourrait les greffer à un individu quadriplégique pour remplacer ses cellules nerveuses qui ont été brisées à jamais. Le désaveu du chercheur sud-coréen est d'autant plus durement ressenti qu'il a déçu de nombreux espoirs de guérison suscités par ces fausses annonces. Sans oublier que l'image de la science et des chercheurs aux yeux du public en ressort ternie!

 

La recherche sur les cellules souches est toutefois controversée, ce qui entraîne bien des restrictions. C'est que pour obtenir des cellules souches, il doit y avoir la production d'un embryon entraînant quelques jours plus tard l'arrêt de son développement, donc sa destruction. Cette création délibérée dans le but de détruire cause un problème moral pour plusieurs. En effet, à cause du potentiel de vie humaine, certains trouvent que l'embryon produit en laboratoire est l'équivalent de n'importe quel embryon humain; il doit mériter le même degré de respect et de protection. D'autres diront qu'il n'en est pas l'équivalent, car il n'est pas produit par fécondation mais à partir d'une cellule adulte. D'ailleurs, en 2005 on a pu constater des efforts afin de produire des cellules souches plus éthiques. Par exemple, une seule cellule serait prélevée sur un embryon, ce qui n'est pas nuisible à son développement. Ou encore un embryon de souris ne parvenant pas à s'implanter dans l'utérus est créé, n'étant pas viable il semble plus acceptable de le détruire.

 

Au Canada, la Loi sur la procréation assistée et la recherche connexe interdit la création d'embryons pour la recherche sur les cellules souches. De plus, les lignes directrices des Instituts de recherche en santé du Canada Recherche sur les cellules souches pluripotentes humaines : Lignes directrices pour la recherche financée par les IRSC et l'Énoncé de politique des trois Conseils interdisent que ces organismes subventionnent les recherches ayant recours à la création d'embryons à des fins de recherche. Donc, les seuls embryons utilisables pour la recherche doivent avoir été conçus à des fins de reproduction, soit par la technique de fécondation in vitro. Les donneurs, n'ayant plus besoin de ces embryons surnuméraires, doivent avoir consenti à leur utilisation pour la recherche.

 

La recherche sur les cellules souches pose bien des questions. Est-elle acceptable? Devrait-elle être moins restreinte dans l'espoir de sauver et de guérir des gens? Les fonds publics devraient-ils financer ces recherches? Et l'embryon, est-il moralement acceptable de le créer pour ensuite le détruire? A-t-il un statut?

 

Quelle est votre opinion ? À vous la parole !

 

 

Céline Durand

Hubert Doucet

Isabelle Ganache

Marianne Dion-Labrie

Groupe de recherche en bioéthique de l'Université de Montréal
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