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’il est vrai que le terme « naturel » est généralement vendeur, plusieurs seront néanmoins surpris de connaitre l’origine du colorant naturel que l’on trouve dans le saucisson, le jus de fruits et les boissons alcooliques, sans oublier les cosmétiques tels que le shampoing et le rouge à lèvres...

Le rouge cochenille est produit à partir d’une... cochenille; plus précisément, une variété connue sous nom de Dactylopius Coccus. L’insecte, qui vit sur des cactus de la variété Opuntia, est surtout cultivé en Amérique latine; le Pérou en étant le premier producteur mondial.

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Aussi appelé carmin, le colorant doit son nom à l’acide carminique qui se trouve dans le corps et les œufs que produit la femelle. L’acide carminique agit comme pesticide naturel pour protéger la cochenille de ses prédateurs. À l’époque, le carmin était aussi utilisé comme teinture à vêtements; d’où l’origine de la teinte cramoisie. Cette teinte fait d’ailleurs partie de l’histoire du Canada, car elle était utilisée dans la fabrication des uniformes des membres de la Gendarmerie royale. La teinture carmin a été remplacée par des colorants synthétiques comme l’alizarine.

Diverses étapes doivent être suivies dans la préparation du carmin. Quand vient le temps de la récolte, les espèces femelles repérées sur les cactus sont récupérées une à une. Il s’agit là d’un travail particulièrement minutieux; les insectes étant à la fois minuscules et asséchés. Un colorant rudimentaire, généralement appelé rouge cochenille, est obtenu à partir d’insectes pulvérisés. Pour l’obtention d’un colorant plus pur (le rouge carmin), les insectes séchés sont immergés dans l’eau bouillante, laquelle est rendue basique par l’ajout d’ammoniaque ou de carbonate de sodium. La solution est ensuite traitée avec des sels d’aluminium, ce qui produit le colorant.

Après une période de déclin, le rouge carmin est de nouveau à la mode. Il est utilisé en remplacement de colorants alimentaires synthétiques dont on soupçonne les effets néfastes sur la santé. Il est cependant à noter que le terme naturel n’est pas nécessairement synonyme de sécuritaire. Il y a eu des cas - très rares - de réactions allergiques sévères (choc anaphylactique) associées à l’utilisation du carmin comme colorant alimentaire. De plus, à l’instar des colorants synthétiques, le carmin est parfois associé à l'hyperactivité chez l’enfant.

Il est à noter que contrairement à l’Union européenne, le Canada laisse au fabricant l’option de spécifier ou non le nom du colorant alimentaire présent. Dans tous les cas, le terme « couleur » suffit à répondre aux exigences gouvernementales. Cette mesure peut représenter un problème pour les personnes allergiques ou celles strictement végétariennes qui évitent tout produit d’origine animale. Santé Canada propose de remédier à cette lacune avec une nouvelle réglementation en préparation.

D’ici là, la prochaine fois que vous dégusterez un yaourt « tout naturel », ayez une pensée pour ces femelles Dactylopius Coccus, à qui vous devez ce privilège.

Près de 100 000 insectes sont requis dans la préparation d’une livre de colorant.

- Le site de l' Organisation pour la science et la société de l'Université McGill

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