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En annonçant le retrait prochain des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Donald Trump a déclaré que son gouvernement payait 500 millions$. Certains médias ont également rapporté que les États-Unis fournissaient le quart du budget de l’OMS. Or, ces deux chiffres sont erronés, constate le Détecteur de rumeurs.


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Combien doivent payer les États-Unis?

Le budget de l’OMS provient de deux sources

  • les contributions « fixées » des États membres, soit les cotisations des pays ;
  • et les contributions « volontaires », qui peuvent provenir de la philanthropie, d’autres organisations intergouvernementales, du secteur privé, ainsi que des États s’ils souhaitent ajouter une somme pour un programme spécifique.

La première catégorie, les cotisations « fixées » des États, est calculée sur la base d’un pourcentage du produit intérieur brut de chaque pays, donc en fonction de sa population et du revenu moyen. Ce pourcentage est décidé tous les deux ans à l’Assemblée générale des Nations unies. En fonction de ce calcul, si les États-Unis respectent leurs obligations pour la période 2024-2025, ils paieront 22% des contributions fixées des États, suivis de la Chine à 15%.

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Il est possible que ce soit de là que provienne l’affirmation erronée à l’effet que les États-Unis fourniraient « le quart du budget » de l’OMS: ils fournissent plutôt un peu moins du quart des « contributions fixées ».

Cela représente, pour les États-Unis, 264 millions$, et non 500 millions$. Pour la période 2022-2023, c’était 218 millions.

Quel est le pourcentage du budget total?

Toutefois, le budget total de l’OMS pour la période 2024-2025 est de 6,8 milliards (contre 6,7 milliards en 2022-2023). 

C’est parce que cette catégorie des « contributions fixées » des États représente moins de 20% du budget de l’OMS. Le reste provient de la deuxième catégorie: on y retrouve par exemple des philanthropes, dont le plus souvent cité est Bill Gates. On y retrouve aussi des contributions volontaires de pays mais qui varient d’une année à l’autre, en fonction des urgences du moment (sida, Ebola, COVID, etc.). Comme le terme l’indique, elles sont volontaires: cela veut dire qu’un pays pourrait cesser toute contribution volontaire, et demeurer tout de même membre de l’OMS. 

En 2022-2023, la contribution volontaire des États-Unis a été de 1,02 milliard, dont 42% destiné à l’Afrique. Si on additionne les contributions fixées et volontaires, les États-Unis ont donc fourni pendant cette période 18% du budget de l’OMS. Pour 2024-2025 toutefois, selon un reportage récent du média américain NPR, la contribution volontaire prévue serait de 442 millions: cela placerait la contribution totale des États-Unis à environ 700 millions, soit seulement 10% du budget total.  

Pourquoi la philanthropie est-elle si importante?

Parallèlement à tout cela, la place de la philanthropie est un enjeu qui revient souvent dans les débats sur le financement de l’OMS. Il fut un temps où les contributions fixées représentaient une portion beaucoup plus importante du budget. L’inquiétude, c’est qu’avec des dons d’individus ou d’organisations, vienne la contrainte que leur argent aille à tel programme ou à telle région du monde : la Fondation Bill & Melinda Gates par exemple, a donné à elle seule 830 millions$ en 2022-2023, ce qui en a fait le plus gros donateur non-gouvernemental, et elle s’implique tout particulièrement dans la lutte contre les maladies infectieuses et la mortalité infantile. Dans le jargon de l’OMS, il s’agit là de « contributions volontaires à objet désigné » et elles représentent plus de 80% des contributions volontaires. 

Cela signifie donc que les États ont moins de poids qu’avant pour influencer les priorités de santé publique de l’OMS. Mais en même temps, ce sont les pays les plus riches qui ont, au fil des années, choisi de réduire leurs contributions fixes. « L’OMS a un budget annuel qui est inférieur à celui d’un seul grand hôpital universitaire aux États-Unis, et un quart du budget du Centre de contrôle des maladies des États-Unis », déplorait en 2023 Lawrence Gostin, directeur d’une agence de l’OMS et professeur à l’Université Georgetown de Washington. Gostin a également été un des critiques les plus virulents du retrait annoncé la semaine dernière.

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