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Un feu de foyer crépitant pendant huit heures, précédé de quatre heures de conversations savantes sur le bois: des techniques de coupe, de fente et d'entreposage à l'art de disposer les bûches dans un foyer. De la télévision endormante? Pas en Norvège où la «soirée nationale du feu de foyer» diffusée le vendredi 15 février sur la chaîne publique NRK a attiré près d'un million d'auditeurs, soit 20% de la population du pays.

La chaîne n'en est pas à sa première expérience de slow TV. En 2011, l'émission Hurtigruten avait fait l'événement du mois de juin dans le royaume scandinave en montrant, en temps réel, le voyage du navire de croisière MS Nord-Norge: cent trente-cinq heures sur la majestueuse route des fjords, de Bergen à Kirkenes. Plus de 2,5 millions d'auditeurs avaient pris part au périple à un moment ou à un autre de sa diffusion. Principalement constituée de plans fixes, l'émission alternait entre les prises de vue de onze caméras, cartes géographiques, en plus de faire entendre musiques et sons ambiants. Plus qu'un événement médiatique, l'arrivée du navire à chacun des ports a donné lieu à un véritable folkefest local avec discours et fanfares.

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Rune Møklebust, chef des programmes à NRK, raconte que l'idée a surgi d'un nachsbiel, ces traditionnelles soirées arrosées où la fête se poursuit dans une maison privée après la fermeture des bars. C'est en cherchant des idées pour une émission qui devait souligner le centième anniversaire de la liaison ferroviaire Oslo-Bergen que quelqu'un a suggéré de placer une caméra fixe sur le train et de diffuser le voyage en temps réel. L'idée aura survécu jusqu'au lendemain et, contre toute attente, cette première expérience de slow TV connaîtra un vif succès.

En 2012, NRK récidive avec nordlandsbanen, une émission de près de dix heures qui amène le téléspectateur dans le cockpit du train Trondheim-Bodø. Au long des sept cent vingt-neuf kilomètres de forêts et de montagnes défilant sur quatre saisons, l'émission présente également des plans aériens, des images d'archives et des courts reportages racontant la construction, par vingt-cinq mille prisonniers de guerre, de ce chemin de fer qui croise le cercle polaire.

Pour Turid Sætermo, anthropologue à l'Université de Trondheim (NTNU), le succès de ces émissions réside dans l'interaction générale qu'elles suscitent: «Le téléspectateur n'est plus passif devant son écran comme lorsqu'il regarde une émission normale. La lenteur du rythme lui permet non seulement de relaxer, mais d'interagir avec les autres, en personne ou via médias sociaux et fils de discussion. Bien sûr, Les Norvégiens se reconnaissent et se racontent dans ces paysages où trains, bateaux, feux de foyer sont des sujets qui rassemblent. Mais je pense que ce qui contribue surtout à la popularité de cette tendance, c'est la lenteur même du procédé et l'interaction joyeuse qu'elle permet avec l'entourage».

Reste à savoir quel sera le prochain projet de la chaîne NRK, qui a appelé le public à lui soumettre des idées.

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