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Si vous êtes un habitué de ce site, vous n’avez pu manquer de remarquer que Science-Presse a fêté son 35e anniversaire en novembre. L’occasion de mieux comprendre comment la science dans les journaux a évolué depuis 35 ans... et les pistes pour donner un coup de pouce au journalisme scientifique.

Vous seriez étonnés de découvrir à quel point l’histoire de l’Agence Science-Presse est un microcosme de l’évolution du journalisme scientifique —des petits journaux régionaux d’hier, qui fourmillaient d’informations pertinentes, à l’Internet d’aujourd’hui. Le journalisme scientifique fut également un canari annonciateur des crises qui allaient survenir des années plus tard: les coupures des salles de rédaction un peu partout dans le monde occidental dans les années 1990 et 2000, ont affecté d’abord les journalistes scientifiques, dès les années 1980 aux États-Unis et 1990 au Québec.

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Quelles sont les percées d’aujourd’hui en information scientifique qui seraient annonciatrices de bonnes nouvelles pour le futur des médias? Je parierais sur deux: la progression des petits médias... et le combat des pigistes.

  • Petits médias, parce que la fragmentation des auditoires est loin d’être terminée, et que des annonceurs spécialisés vont tôt ou tard vouloir cibler des auditoires plus pointus.
  • Et la pige, parce que s’il n’y a pas une volonté politique pour s’attaquer aux conditions de travail déplorables du pigiste, le journalisme n’aura pas un brillant avenir —incluant les blogueurs.

Or, il se trouve que ces deux évolutions se rejoignent à travers le public qui lit un site comme celui de Science-Presse —et plus largement, les publics que vous connaissez bien et qui lisent toutes sortes de sites de science.

Traditionnellement, une frange de ce public a eu trop tendance à généraliser: «la science dans les médias est mauvaise, parce qu’il n’y a pas assez de bons journalistes pour la couvrir». Or, il y a au contraire quantité d’excellents journalistes spécialisés... qui gagnent rarement leur vie à écrire sur la science, parce que le secteur souffre d’un déficit chronique de financement.

La solution, elle dépend donc de cette frange du public davantage intéressée par les sciences: si elle veut davantage d’information scientifique, elle doit tirer les ficelles en conséquence.

Et voilà qui pourrait être notre résolution pas seulement pour 2014, mais pour les 35 prochaines années, comme je l’écrivais dans ce texte publié par la revue Découvrir pour les 35 ans de Science-Presse : s'employer à redonner du tonus à un journalisme scientifique solide, critique et indépendant.

1) Financement vers les médias généralistes. Si les quotidiens ont fait disparaître leurs pages Science, c’est parce que personne ne s’en est plaint. Le jour où deux, trois, quatre institutions, demanderont à leur quotidien préféré que les publicités soient placées dans une page Science, le message montera très vite du vendeur de publicité jusqu’au rédacteur en chef.

2) Financement vers les médias spécialisés. Aux États-Unis, le magazine en ligne Pro Publica a été lancé en 2008 par une fondation vouée à soutenir le journalisme d’enquête. On lui doit entre autres une longue série d’articles sur le gaz de schiste. Pro Publica a remporté des prix de journalisme et d’autres mécènes se sont joints à l’entreprise. À quand, en français, une fondation vouée à soutenir la production de contenu de qualité en journalisme scientifique?

3) Partenariats. Plutôt que de lancer des projets chacun dans leur coin, chercheurs et institutions devraient s’associer à ce qui existe déjà. Ne pas espérer la perfection, mais viser le compromis entre les planètes de la science et de la communication.

Trois belles résolutions pour lancer 2014?

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