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Le journalisme scientifique tel qu’on l’a connu est-il voué à un brillant avenir ou sera-t-il marginalisé par des scientifiques blogueurs dotés d’une bonne plume? En tout cas, une nouvelle initiative révèle que, pour l’instant, ça brasse plus du côté des scientifiques.

Ceux qui lèvent encore le nez sur les blogues —y compris, hélas, dans les écoles de journalisme— vont en effet avoir du mal à tenir le fort. C’est un blogueur, le climatologue Gavin Schmidt, qui s’est mérité le premier « Prix des communications sur le climat » lancé cette année par l’Union géophysique américaine (AGU). Une bourse de 25 000$.

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Schmidt a été salué par le jury pour le travail exceptionnel de communication de la science qu’il mène en particulier à travers Real Climate , le blogue fondé avec une demi-douzaine de collègues, il y a sept ans.

« L’AGU, lit-on dans le communiqué...

... a créé ce prix pour accroître la visibilité des changements climatiques, [...] pour démontrer notre appui aux scientifiques qui s’investissent dans une communication efficace de la science des changements climatiques, et pour encourager davantage de scientifiques à s’engager à expliquer au public et aux décideurs politiques comment les recherches sur le climat peuvent contribuer à la bonne marche de notre planète.

Ceux qui suivent ce qui se publie chez Science-Presse savent que Real Climate est souvent cité en exemple. Dès 2005, en lançant Science! on blogue —le premier portail de blogues de science en français— Real Climate était mentionné comme une de nos sources d’inspiration : un blogue lancé par des scientifiques, avec pour but de donner la parole à des scientifiques, eux qui, en temps normal, ont peu de temps de parole dans les médias.

Et ce, dans un secteur pollué par des débats idéologiques où chaque camp voulait utiliser la science du climat à son avantage. En sept ans, les auteurs de Real Climate, dont le prolifique Gavin Schmidt, ont navigué entre vulgarisation rigoureuse, textes semi-spécialisés et attaques frontales contre des « sceptiques ».

Real Climate a également obtenu le rare succès d’être à la fois lu par un public non-spécialisé —il figure régulièrement dans le « Top 5 » des blogues de science anglophones les plus populaires, ce qui a valu à Schmidt d’être de plus en plus sollicité par les médias— et par un public spécialisé —il a été recommandé jusque dans les pages de Science et de Nature. Il démontre qu’un blogue peut réussir un mélange qu’un magazine de vulgarisation n’aurait jamais osé : mettre côte à côte des textes bien vulgarisés et des textes assez lourds, réservés à un auditoire plus pointu.

Le choix de l’AGU —et les impressionnants 25 000$— sont également un signal envoyé aux universités et aux autres associations : cessez de lever le nez sur les blogues. Quelque chose d’important est en train de se passer.

Pas tout à fait une première

Incidemment, les blogues de science se sont imposés ailleurs ces deux dernières années : en 2010 et 2011, ce sont des blogueurs, plutôt que des créations de médias « traditionnels », qui ont décroché les prix de vulgarisation, catégorie en ligne, de la National Academy of Sciences. Le Britannique Ed Yong, biochimiste devenu communicateur, avait brisé la glace en 2010 pour son blogue Not Exactly Rocket Science, et Andrew Revkin a sauvé l’honneur des journalistes cette année en remportant le prix pour son blogue Dot Earth .

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