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Marc Tessier-Lavigne nest pas étranger à Montréal : cest à lUniversité McGill quil a obtenu son bac en physique en 1980, avant de poursuivre en physiologie à Oxford grâce à une bourse Rhodes. Depuis plus de 15 ans, il cherche à déterminer comment les neurones se retrouvent entre eux pour former les milliards de connexions du cerveau et de la moelle épinière. " Il sagit par exemple de comprendre comment un neurone du cerveau peut émettre un axone (un " câble " neuronal) qui va aller rejoindre un autre neurone au bas de la colonne vertébrale ", explique le spécialiste. Un périple dont la distance peut représenter 20 000 fois la taille du neurone !
Au symposium, qui était organisé par lInstitut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) et qui réunissait plusieurs autres experts internationaux, Tessier-Lavigne a présenté des résultats préliminaires sur la régénération des neurones. Pas dannonce spectaculaire ici : on est encore loin du moment où les paralytiques pourront espérer marcher. Mais selon ce spécialiste de lembryologie des neurones, les recherches sont prometteuses. Son équipe a ainsi identifié plusieurs nouvelles protéines dans le système nerveux dembryons de souris. Ces protéines ont la capacité dattirer les axones émis par les neurones dans le but de créer des connexions, doù leur potentiel pour traiter des dommages de la moelle épinière.
Le neurobiologiste Frédéric Charron, qui a effectué un stage post-doctoral chez Tessier-Lavigne, poursuit désormais ses propres recherches sur ces protéines dites de guidage axonal à lIRCM. " Au rythme où progresse la recherche, on attend les premiers traitements de régénération de la moelle épinière dans une dizaine dannées ", croit-il. " Ils seront imparfaits, mais ils amélioreront certainement la qualité de vie des patients traités. "
Cest dans le but de mettre au point ces traitements que Tessier-Lavigne a récemment déménagé chez le géant des biotechnologies Genentech. Les applications de ses découvertes porteront non seulement sur la moelle épinière, mais aussi sur les vaisseaux sanguins. " Le réseau de la circulation sanguine ressemble beaucoup au réseau nerveux ", note Marc Tessier-Lavigne. " Nous avons donc voulu savoir si les protéines de guidage axonal pouvaient aussi participer à la fabrication des vaisseaux sanguins. " Et son équipe a démontré que cest le cas.
Sauf quici, ces protéines de guidage nont plus le beau rôle : les tumeurs cancéreuses sen servent pour attirer les vaisseaux sanguins afin de se nourrir et ainsi, de croître. Une partie des efforts du groupe de Tessier-Lavigne consiste donc aussi à chercher à bloquer ces protéines pour affamer les tumeurs.