
L’IA générative peut être convaincante dans les textes et les images qu’elle produit. Mais dans le monde du travail, c’est trop souvent un contenu de faible qualité, qui a pour conséquence de créer davantage de travail pour les employés.
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Une équipe de l’Université Stanford estime que 40% des employés à temps plein de divers lieux de travail qui utilisent l’IA ont été confrontés à ce problème. Les chercheurs prennent la peine de préciser que plusieurs employés utilisent leur nouvel outil pour produire, par exemple, des présentations PowerPoint de qualité, des résumés bien structurés, ou même du code informatique. Mais le problème surgit lorsque plusieurs « l’utilisent pour créer du contenu qui est peu utile, incomplet ou auquel il manque un contexte essentiel ». Et ce travail de faible qualité se répercute sur d’autres employés, puisque ceux-ci doivent alors corriger le travail, ou perdre du temps à le déchiffrer, ou carrément le refaire.
Chez les 40% d’employés confrontés à ce problème, on estime que 15% du travail qu’ils ont reçu correspond à cette définition de « faible qualité », que les chercheurs du Stanford Social Media Lab désignent par le terme workslop. Littéralement, une pâtée (slop) ou une « soupe » indigeste.
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C’est un aspect de l’impact des IA sur le monde du travail qui n’a peut-être pas été évalué jusqu’ici, écrivent-ils dans la Harvard Business Review. Jusqu’ici on a plutôt eu affaire à des rapports « enthousiastes » d’organismes spécialisés montrant une croissance exponentielle de l’utilisation de l’IA dans les entreprises. Mais des bémols commencent pourtant à apparaître, puisqu’un récent rapport du MIT paru en juillet dernier, concluait que 95% des organisations ne voyaient « aucun retour mesurable de leur investissement » dans ces technologies.
La faute en incombe, écrivent les auteurs de Stanford, pas tant à la technologie qu’à l’usage paresseux qui en est fait. « Un contenu de travail généré par l’IA qui prend l’allure d’un bon travail, mais qui n’a pas la substance nécessaire pour faire avancer une tâche de façon significative. »
Le risque est que si un trop grand nombre de gens se mettent à trop déléguer à des machines des tâches mal balisées, mal dirigées ou mal expliquées, le flot de contenus de faible qualité augmentera progressivement, parce que les destinataires de ces contenus n’auront pas le temps de tout corriger ou de tout relire. Autrement dit, des documents sans substance vont s’accumuler, engendrer de la confusion ou de l’incompréhension dans des équipes de travail, et servir d’inspiration à d’autres documents sans substance.
Un directeur des ventes au détail interrogé par les chercheurs de Stanford le résume ainsi: « Il a fallu que je perde du temps pour faire le suivi de l’information et vérifier avec mes propres recherches. J’ai dû ensuite perdre encore plus de temps à organiser des réunions avec d’autres superviseurs pour expliquer le problème. Et je continue à perdre mon temps pour refaire le travail moi-même. »