
Ces dernières années, on a battu records après records du « plus ancien échantillon d’ADN jamais étudié ». La raison étant que l’ADN est une molécule fragile, qui se dégrade relativement vite après la mort. Pourtant, le plus récent record est à présent de 2,4 millions d’années. Jusqu’où les scientifiques iront-ils?
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L’enjeu intéresse tous les biologistes de l’évolution : analyser l’ADN d’une espèce disparue comme le quagga. Ou comparer l’ADN d’animaux ou de plantes d’il y a quelques milliers d’années avec l’ADN de leurs équivalents contemporains. Et l’enjeu intéresse bien sûr tous ceux qui s’intéressent à l’Histoire —découvrir par l’ADN des liens entre des populations de l’Antiquité et celles d’aujourd’hui— ou à la préhistoire —analyser l’ADN de nos ancêtres lointains ou de nos cousins néandertaliens.
Mais il y a des limites, répètent les experts depuis longtemps. Il faut d’abord trouver un fossile dans un endroit —de la glace, par exemple— qui lui a garanti des conditions idéales de conservation. Le record actuel est détenu par de l’ADN environnemental, c’est-à-dire des fragments provenant de plusieurs espèces qui peuplaient la région. En l’occurrence, il s'agit d'une région du nord du Groenland, il y a 2,4 millions d'années. Le précédent record —un peu plus d’un million d’années— était un génome partiel de mammouth, publié en février 2021 et obtenu à partir de dents provenant de deux de ces animaux.
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On est donc loin des dinosaures du film Le Parc jurassique reconstitués à partir de l’ADN retrouvé dans un insecte qui les avaient piqués et qui aurait été emprisonné dans de l’ambre. En fait, à l’origine, les premiers bémols qu’ont apporté les généticiens sont venus de là: dans les années 2000, on se réjouissait de trouver de l’ADN qui avait survécu quelques milliers d’années, alors que les dinosaures sont disparus il y a 65 millions d’années.
En 2012, une modélisation mathématique de ce que pourrait être la « demi-vie de l’ADN dans un os », avait haussé la barre théorique à 6,8 millions d’années: autrement dit, il serait théoriquement possible de trouver de l’ADN vieux de presque 7 millions d’années. Pas assez pour « créer » un dinosaure, mais assez pour résoudre bien des mystères, incluant ceux de nos liens avec les pré-humains ayant vécu avant l’Homo sapiens.
En plus du froid, un climat sec peut favoriser la préservation d’un composé organique. Or, les périodes-clefs de l’évolution humaine ayant eu lieu en Afrique —climat chaud et humide— cela semble réduire les chances pour les chasseurs d’ADN, estime le magazine Live Science.
Le plus ancien échantillon d’ADN humain provenant de l’Afrique subsaharienne est vieux de 20 000 ans. En comparaison, de l’ADN néandertalien a été recueilli dès 1997 dans un os vieux de 40 000 ans et qui avait été découvert en Allemagne au 19e siècle. De l’ADN vieux de 400 000 ans a été identifié en 2022 en Espagne, qui aurait appartenu à un « pré-Néandertalien ».
Or, des ossements d’Homo erectus, un nom générique qui regroupe possiblement plus d’une branche de l’évolution, ont été retrouvés jusqu’en Asie: les chances d’en extraire un jour de l’ADN sont donc possiblement plus élevées.