Un éclatement de la bulle IA aurait-il des conséquences sur les diplômés? Si on se fie à l’impact que l’éclatement de la bulle point-com a eu sur les sciences informatiques, c’est inévitable.
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Depuis des mois, les économistes semblent convaincus qu’un effondrement du marché des valeurs boursières du secteur de l’intelligence artificielle aura lieu plus tôt que tard, considérant la démesure dont on est témoin: des valeurs stratosphériques sur le marché et des investissements gigantesques, pour des profits pratiquement inexistants. Selon une estimation récente, la « bulle IA » aurait 17 fois la taille de la bulle Internet avant son éclatement, il y a 25 ans.
Et les mêmes économistes prennent bien soin de souligner qu’il ne faut pas confondre un krach boursier d’un secteur de l’économie avec la mort de ce secteur : l’éclatement de la bulle Internet avait signifié la mort de plusieurs entreprises, mais pas la mort d’Internet.
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Les jeunes adultes d’aujourd’hui qui étudient en IA ont toutefois des raisons d’être inquiets. Parce que les plus puissantes entreprises du secteur de l’IA, celles qui déterminent cette croissance boursière démesurée, créent évidemment de l’emploi pour les diplômés universitaires. Et si on se reporte un quart de siècle plus tôt, l’éclatement de la bulle boursière avait eu un impact. « En 2000, un grand nombre d’ingénieurs électroniques hautement qualifiés et de scientifiques de l’informatique avaient perdu leurs emplois », rappelle dans la revue scientifique Nature l’historien irlandais John Turner, de l’Université Queen’s.
En parallèle, la demande pour des diplômés en informatique avait plafonné et, à partir de 2004, aux États-Unis, le nombre de diplômés universitaires dans ce secteur avait diminué d’année en année pendant cinq à six ans.
Par contre, le nombre de publications scientifiques, lui, avait poursuivi sa croissance de façon ininterrompue. La même chose pourrait se produire cette fois: trois chercheurs européens en économie évoquaient en février 2025 les impacts négatifs d'un actuel « exode des cerveaux vers l’IA ». Autrement dit, les investissements énormes dans ce secteur ont eu pour effet de « mettre sur la ligne de touche des recherches scientifiques exploratoires au profit d’intérêts commerciaux » plus immédiats.
L’éclatement d’une bulle pourrait donc avoir pour effet, en théorie, de rediriger les efforts d’un certain nombre de jeunes chercheurs vers d’autres secteurs de l’informatique. La question à laquelle personne ne peut répondre pour l’instant: quels seraient ces autres secteurs.





