La santé de la mère et du bébé Un des premiers aspects intéressants lorsqu'on parle de l'intervalle entre deux grossesses est le côté nutritionnel.
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Une hypothèse veut en effet que si la conception a lieu trop rapidement après la naissance du premier bébé, la mère n'a pas le temps de reconstituer ses réserves nutritives. Selon les études, il semble qu'un intervalle de plus de 36 mois entre les naissances diminue le risque de malnutrition pour le foetus. Cette observation n'est toutefois vraie que pour certaines populations. Du côté de l'état nutritionnel de la mère, les résultats sont plutôt contradictoires. Selon une étude, un intervalle de moins de 6 mois entre les deux grossesses entraînerait un risque d'anémie alors que selon d'autres, il n'y aurait pas d'effet.
Ensuite, plusieurs chercheurs se sont penchés sur l'impact de naissances rapprochées sur le déroulement de la grossesse. Par exemple, l'effet sur le risque de pré-éclampsie est très intéressant. Cette condition, caractérisée par de l'hypertension artérielle associée à la présence de protéines dans les urines, est plus fréquente lors d'une première grossesse (3,9%) que lors des grossesses suivantes (environ 1,75 %). Cependant, au fur et à mesure que l'intervalle entre les grossesses augmente, le risque augmente aussi pour passer de 1 % à 2 ans à 3 % après 10 ans, c'est-à-dire presque équivalent au risque lors d'une première grossesse.
Par ailleurs, un intervalle de moins de 18 ou de plus de 59 mois augmente les risques d'une naissance prématurée ou d'un bébé de petit poids. Les experts croient que lorsque l'intervalle est très court, la mère peut connaître des carences, en acide folique par exemple alors que lorsque l'intervalle est long, le corps revient à un état de pré-grossesse ou connaît une baisse de sa fertilité.
Enfin, du point de vue de l'accouchement, un intervalle court a été associé à des risques plus élevés de rupture utérine lors d'un essai d'accouchement vaginal après une césarienne de même qu'à une fréquence plus élevée de décollement placentaire ou de placenta qui s'implante sur le col de l'utérus (placenta praevia). Au contraire, un intervalle long serait associé à un travail difficile.
La dynamique familiale Dans un autre ordre d'idée, l'intervalle de temps entre deux grossesses peut avoir un impact sur la vie de famille. Ainsi, il semble que les enfants très rapprochés ou très éloignés reçoivent plus d'attention de leur mère que ceux qui ont un intervalle moyen entre leurs naissances.
Au niveau des interactions entre frères et soeurs, les résultats sont toutefois contradictoires.
Par exemple, une étude démontre que les enfants qui ont plus de deux ans de différence ont des relations plus compétitives et stressantes. Ces résultats sont assez surprenants puisque les enfants qui sont plus rapprochés ont des habiletés similaires et doivent souvent partager les mêmes amis. On s'attendrait donc à une plus grande rivalité chez les enfants rapprochés.
Au contraire, dans une autre étude, les chercheurs ont remarqué que lorsque l'ainé des enfants avait 3 à 4 ans de plus que le reste de la fratrie, il avait un comportement plus positif et il avait davantage tendance à enseigner à ses frères et soeurs. En fait, l'agressivité semblait plus fréquente lorsque les enfants sont d'âge rapproché.
Qu'en pensent les sociétés traditionnelles? Enfin, un moyen intéressant d'évaluer l'intervalle idéal entre deux grossesses est de remonter à nos racines. Bien qu'il ne soit pas possible de connaître avec précision la structure familiale des premiers humains, on peut analyser une société traditionnelle comme les !Kung, une population de chasseurs-cueilleurs dont le mode de vie se rapproche probablement assez de nos ancêtres. Chez les !Kung, l'intervalle moyen entre deux naissances est d'environ 44 mois. Cet intervalle est explicable en grande partie à la façon dont les femmes allaitent leur bébé c'est-à-dire par petites tétées fréquentes (environ 4 tétées de 1,92 minute par heures) jusqu'à l'âge d'au moins 2 ans. Cette routine d'allaitement retarderait donc le retour de la fertilité.
En conclusion, les études existantes ne permettent pas de trouver un âge idéal pour avoir un autre bébé. Il semble cependant que certains risques soient associés à des intervalles très courts ou très longs. Pour le reste, chaque famille devrait donc choisir selon ses préférences.
- Ce billet a d'abord été publié sur le site Maman Éprouvette.