
L’an dernier à pareille date, avec mes collègues de chez Écosociété, j’étais à peaufiner la mise en page de mon livre quelques jours avant de l’envoyer à l’imprimerie. Durant l’été qui a suivi, ça n’avait pas vraiment arrêté de mon côté avec tout le travail sur le site web du bouquin où se trouvent entre autres la quinzaines de sections enlevées par manque d’espace et les plus de 2800 références. Puis il y eu l’inoubliable soirée de lancement de l’ouvrage et toutes les activités, salons du livre et conférences autour du livre qui se sont succédé pratiquement sans arrêt jusqu’à… aujourd’hui ! Il m’en reste une dernière, samedi prochain, au festival Virage, comme je l’annonçais la semaine dernière. Elle aura des allures de fin d’un cycle puisque cette présentation sera inspirée de la 12e et dernière rencontre du bouquin où il y a ce flashback à l’édition 2018 du… festival Virage !
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Le titre de cette présentation, qui est aussi celui de ce billet, rappelle d’abord que nous vivons depuis longtemps dans ce qu’on pourrait appeler en bon québécois un « monde de marde ». Les méfaits du capitalisme sont tels, tant du point de vue de l’environnement, de la gouvernance ou de l’aliénation collective, qu’on finit par se dire que c’est « la réalité » et qu’il faut faire avec. Mais c’est plutôt une spirale qui nous tire constamment vers le pire, les idées de droite et d’extrême droite étant de plus en plus normalisées et décomplexées dans le discours public. La dérive autoritaire du trumpisme chez nos voisins du sud en étant l’exemple le plus spectaculaire.
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Si vous viviez sur une autre planète depuis quelques mois ou si vous détournez le regard de la catastrophe politique qui culmine présentement aux États-Unis (et je vous comprends…), je vous recommande la lecture de ce texte du socialiste belge Rudy Demotte intitulé « LA TYRANNIE EN MODE BÊTA. Chronique d’une démocratie en train de mourir ». Extrait :
« Et pendant ce temps : Trump éructe la rhétorique du mépris. “Newscum” (pourriture) pour désigner le Gouverneur de Californie, Gavin Newsom, “Vermin” pour les journalistes, “Poison in our blood” pour les migrants, “If they spit, we will hit”, tweeté à 00h16, le 9 juin 2025. Ce langage n’est pas outrancier. Il est structurant. Il est ce que Jason Stanley appelle la sémantique de l’épuration : remplacer le discours démocratique par le vocabulaire du dégoût. »
Ce « vocabulaire du dégoût » qu’évoque Demotte, et au cœur non seulement du trumpisme mais de toute politique politicienne de bas étage, en appelle à nos « plus bas instincts » pour détourner l’attention sur les boucs émissaires habituels. Il permet surtout de revenir à un aspect au cœur de mon bouquin : comment la compréhension de nos vieilles prédispositions biologiques (ici le sentiment de dégoût et de répulsion pour les germes et autres formes de pourritures mauvaises pour la santé) peut aider à comprendre comment certaines personnes (souvent nos mal nommées « élites ») s’en servent afin, comme toujours, de diviser pour mieux régner.
Cette approche évolutive ne résout évidemment rien comme par magie, mais elle fait surgir bien souvent des outils d’autodéfense intellectuel qui peuvent être fort utile dans ce tourbillon chaotique d’absence de sens savamment entretenu par tous les Trump de ce monde. Des outils qui aident aussi à constituer d’autres récits que cet american dream dystopique. Et c’est de ce « coffre à outil » mental dont j’aimerais vous parler samedi matin prochain, à 9h, à Petit Saguenay. Je terminerai donc simplement en vous recopiant ici l’essentiel de la description de cette présentation qui apparaît dans la section « horaire » du site web du festival Virage.
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« […] les liens entre le contenu neuroscientifique [du livre] (la façon dont on pense aujourd’hui les rapports intimes entre corps, cerveau et environnement) et l’impératif d’une transition écologique et décroissanciste radicale n’apparaît peut-être pas évidents pour tout le monde. En m’inspirant de la dernière rencontre du livre basée sur un flashback à l’édition 2018 du festival Virage, j’essaierai donc de montrer que ces liens sont nombreux et fondamentaux, du moins pour moi !
Seront ainsi mis en lumière plusieurs « points aveugles » qui nous maintiennent dans le système économique actuel et ne rendent pas les choses faciles même aux gens les plus progressistes. Et c’est là où des questions comme les suivantes ne sont peut-être pas étrangères à ces blocages classiques. À quoi sert un cerveau, à la base ? Qu’est-ce qu’une habitude ? Quel accès avons-nous vraiment aux motivations qui nous poussent à l’action ? Qu’est-ce qu’une émotion et pourquoi elles teintent le moindre de nos raisonnements ? Comment le langage symbolique change tout dans notre façon de fonctionner socialement, mais rien à notre vieille physiologie sous-jacente ?
On débouche alors sur une conception résolument incarnée et située de notre cognition où l’environnement dans lequel on baigne pénètre en nous à notre insu beaucoup plus qu’on pense. Et peut nous tirer autant vers le pire ou le meilleur à cause de notre long développement et la grande plasticité de notre cerveau. On arrive ainsi à une conception de l’être humain qui tourne (enfin!) résolument le dos à toutes formes de dualisme, que ce soit sujet / objet, cerveau / corps, émotion / raison ou nature / culture. La personne humaine pouvant être vue comme un système dynamique complexe qui « n’exploite plus des ressources » mais fait partie intégrante du monde vivant et symbolique qu’elle fait émerger en partageant sa subjectivité avec celle des autres. À partir de là, il me semble que certaines choses redeviennent possibles… »
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Après cette 7e édition de Virage, je crois que je vais prendre un véritable petit virage sur la route des vacances dans les semaines qui vont suivre, question de profiter pleinement des bienfaits de la nature, contrairement aux derniers étés où je m’amusais plus à trouver des références sur les études qui le prouvent… Mais chassez le naturel et il revient au galop, alors on va se revoir ici vers la mi-juillet pour parler de la 5e rencontre du club de lecture de mon livre qui aura lieu le mardi 29 juillet au mont Royal qui deviendra pour l’occasion un modèle géant de votre cerveau, comme dans le bouquin ! Car, autre expression proverbiale de circonstance, pourquoi ne pas joindre l’utile (découvrir les grands réseaux cérébraux) à l’agréable (le faire dans l’esprit d’une randonnée estivale et conviviale) ?