Pas moins de la moitié de la production alimentaire mondiale pourrait être menacée par une crise mondiale de l’eau. La raison étant qu’une importante partie de ce que nous mangeons provient d’un nombre limité de pays.
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Les débats des dernières années sur les menaces aux chaînes d’approvisionnement mondiales de l’alimentation ont plutôt porté sur l’impact que pourraient avoir des crises géopolitiques, comme la guerre en Ukraine, ou sur les dégâts causés par les changements climatiques. Mais selon le rapport que vient de publier la Commission mondiale sur l’économie de l’eau, plusieurs des lieux où on projette un déclin des réserves d’eau dans les 25 prochaines années sont ceux où l’on produit une bonne partie de la nourriture mondiale.
Pour la Commission —un groupe d’experts formé par l’OCDE il y a deux ans pour fournir cet état de la situation— sans action de la part des États, cette crise de l’eau entraînera une perte du produit intérieur brut pouvant atteindre 15% dans les pays pauvres. Parmi les recommandations : conserver et restaurer les écosystèmes, en particulier les terres humides, et mettre en place une « économie circulaire de l’eau », avec une attention particulière sur l’usage qu’en fait l’industrie.
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Cette publication suit de peu un rapport de l’agence environnementale de l’Union européenne qui, cet été, alertait elle aussi sur « l’état de l’eau » en 2024, spécifiquement sur le continent européen. Entre autres constats, des régions d’ordinaire très humides font face à un déclin inquiétant. Ce rapport recommandait aux gouvernements d’effectuer un virage rapide vers une utilisation plus efficace de l’eau, dont en particulier une réduction des gaspillages et des fuites.
La Commission donne l’exemple du Brésil, où une importante sécheresse n’a pas seulement fait bondir les prix locaux des aliments, elle a fait bondir les prix mondiaux du sucre, dont le Brésil est le plus grand producteur, et du café, dont il est le troisième producteur.
Un troisième rapport récent, du World Resources Institute (WRI) celui-là, pointe pour sa part seulement 10 pays, dont les États-Unis et la Chine, comme étant responsables des trois quarts des cultures les plus gourmandes en eau —dont le sucre, le maïs et le coton. Les deux tiers de ces cultures font face à des niveaux de risques élevés de sécheresse. Mais le WRI mentionne aussi les menaces qu’une crise de l’eau ferait peser sur le riz et le blé —qui, avec le maïs, fournissent la majorité des calories consommées par les 8 milliards d’êtres humains.