Plutôt que d'étudier la croissance des arbres ou encore leur arborescence, le chercheur en foresterie s'intéresse depuis dix ans aux chablis : ces chutes d'arbres occasionnées par le vent ou le grand âge.
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
"L'âge est sans conteste un des facteurs de moindre résistance, avec l'espèce, les racines et le sol. Il est essentiel de comprendre l'ensemble du processus", dit-il. Le chercheur, avec son collègue Jean-Gabriel Élie, vient de publier les résultats d'une recherche sur les chablis en forêt boréale dans la revue scientifique Canadian Journal of Forest Research.
L'équipe s'est livrée à une étrange activité dans le nord de la Mauricie: déraciner des arbres... dans un but scientifique. Il s'agit d'attacher un câble relié à un treuil à la mi-tronc puis d'exercer une traction... jusqu'à la chute de l'arbre. Sous leurs efforts, 85 ont basculé: 55 épinettes noires et 30 pins gris.
"Les chablis provoquent des dommages sur leur environnement et c'est une importante source de perte de matière ligneuse pour les forestiers", explique le Pr Ruel. Ce programme de recherche cherche donc à développer des outils de prévention des risques.
Le chercheur s'inspire du modèle ForestGALES, élaboré en Grande-Bretagne, qui simule l'action du vent sur les arbres. Il s'agit d'équations reliées à la force du vent et à la taille des arbres. Un outil qu'il cherche à adapter au Québec selon les espèces (sapin, épinette blanche, épinette noire et pin gris) et les différents sols.
La palme de la résistance va au pin gris. " L'épinette noire possède un enracinement plus superficiel. " Sauf lorsque les champignons s'en mêlent... "Lorsque la carie surgit, cela vient fragiliser la structure et baisser la résistance aux éléments", confirme le chercheur.
À l'heure où l'actualité remet sur la place publique le problème des coupes des forêts, le chercheur ne penche pas pour les coupes partielles. "Elles entraînent une plus grande pénétration du vent. Cela agrandit le périmètre de coupe et rend les arbres plus vulnérables", soutient Jean-Claude Ruel.
Les actions pour conserver la diversité faunique par le maintien de bouquets d'arbres, entreprises principalement sur la côte ouest du Canada, ne représenteraient pas un exemple à suivre.