Quon ne sattende toutefois pas à voir bûcher les élèves sur des travaux pratiques utilisant lélément 118. Lununoctium, de son nom provisoire, a été créé dans un accélérateur de particules et y a survécu... quelques millièmes de seconde!
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Et encore a-t-il fallu six mois aux chercheurs pour donner naissance à seulement trois atomes dununoctium. Tout ce temps, les scientifiques ont bombardé de calcium (Ca) des atomes radioactifs de californium (Cf). Chaque fois que lélément 118 est apparu, il sest très rapidement transformé en élément 116, 114, puis en 112, avant de se désintégrer. La percée de ces chercheurs du Lawrence Livermore National Laboratory de Californie et du Joint Institute for Nuclear Research en Russie est publiée ce mois-ci dans la revue Physical Review C.
Cest aux mêmes équipes que lon doit dailleurs la découverte des quatre autres dernières recrues du tableau périodique, soit les éléments 113, 114, 115 et 116. Ces trouvailles restent toutefois à être confirmées par dautres scientifiques, qui tenteront de reproduire lexpérience dans leurs laboratoires.
La prudence est dautant plus de mise que lélément 118, lui, a déjà été " victime " dannonces prématurées. En 1999, le même Laboratoire Lawrence Berkeley déclarait lavoir découvert, pour se rétracter deux ans plus tard, accusant lun de ses chercheurs davoir falsifié les données (voir Le fraudeur de lélément 118). Laccusé, Victor Ninov, nie toujours.
Les physiciens espèrent évidemment que cette histoire ne se répétera pas. Car leur quête déléments lourds nest pas terminée. Depuis longtemps, une théorie veut que, dans ces profondeurs du Tableau périodique, on finisse par trouver des éléments dont la durée de vie ne se mesurerait plus en millièmes de seconde, mais en secondes (ou, pourquoi pas, en jours!) : les scientifiques appellent cela " lilôt de stabilité ". Selon cette théorie, imaginée par le physicien Glenn T. Seaborg, un nombre dit " magique " de protons et de neutrons assurerait cette stabilité. Dans lespoir de connaître bientôt ce nombre, les équipes américaine et russe se préparent maintenant à chasser lélément 120 avec, comme arme, des isotopes de fer lancés sur du plutonium.