L’humain est bien fier de sa capacité, qui le distingue des animaux, de soupeser le pour et le contre. En d’autres termes, de prendre une décision dite « rationnelle », sur la base des faits. Et si nos cousins chimpanzés en étaient capables aussi?
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L’hypothèse n’est pas facile à démontrer: comment savoir si un chimpanzé a vraiment soupesé les différents faits qui étaient à sa disposition? Une équipe de chercheurs en psychologie et en neurosciences de quatre pays a choisi de tester la chose par une voie détournée: essayer de voir si l’animal pourrait changer son opinion initiale, si on lui présentait des faits plus solides —des données probantes, comme diraient les scientifiques. L’expérience a été menée au sanctuaire de l’Île Ngamba, en Ouganda.
Dans leur article, publié dans la revue Science, ils expliquent avoir montré à des chimpanzés deux boîtes dont seulement une des deux contenait de la nourriture. Avant de les laisser choisir une des deux boîtes, les chercheurs ont donné un « indice » aux chimpanzés: tantôt en remuant une des boîtes pour qu’on comprenne qu’elle avait quelque chose à l’intérieur, tantôt en montrant l’intérieur de l’autre, où il y avait bel et bien de la nourriture —ce qui est, à l’évidence, une « preuve » plus solide.
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Il n’a pas été étonnant que les chimpanzés changent d’idée lorsqu’ils voyaient l’intérieur de la « bonne » boîte. En revanche, ils n’ont pas changé d’idée lorsqu’on leur a d’abord montré l’intérieur de cette boîte, puis qu’on a remué les deux boîtes, de façon à ce que seule celle qui ne contenait pas de nourriture fasse du bruit. Cela constitue un exemple, jugent les chercheurs, d’une capacité à soupeser le poids des preuves; la première preuve, visuelle, avait plus de poids que la seconde.
De la même façon, placé devant le choix d’une boîte qui ne montrait, au-dessous, que des traces de nourriture, ou d'une boîte qui faisait du bruit, les chimpanzés ont choisi la deuxième, même quand on inversait l’ordre de présentation des boîtes.
Autrement dit, les chimpanzés n'ont pas simplement choisi en fonction du plus récent indice. Ça peut sembler banal, mais c’est pourtant une capacité qui, chez les humains, ne se développe qu’à partir de l’âge de 4 ans.
« Ils n’ont pas seulement ajusté leurs choix », explique au magazine Popular Science Hanna Schleihauf, professeure en psychologie du développement à l’Université d’Utrecht (Pays-Bas). « Ils l’ont fait d’une façon qui suggère qu’ils ont retracé les preuves de leurs croyances: lorsque les preuves précédentes ont été défaites, ils ont révisé leurs croyances en conséquence. » Un comportement avec lequel même des humains adultes ont souvent du mal…





