Épuisement professionnel, stress ou fatigue persistante, on connaît tous un collègue malade de son travail. Et, il est loin d'être le seul : 800 000 travailleurs québécois souffriraient d'épuisement, selon l'Ordre des psychologues du Québec (1), soit près d'un professionnel sur quatre.

Sujet encore délicat, voire tabou, la santé psychologique au travail fait toutefois l'objet de nombreuses études depuis une vingtaine d'années. « Nous allons voulu faire le point sur les meilleures pratiques d'intervention », relève le professeur François Courcy, psychologue industriel et organisationnel de l'université de Sherbrooke et un des auteurs d'un document sur les interventions pratiquées en milieu de travail d'un bout à l'autre de la planète.

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Le rapport Interventions organisationnelles et santé psychologique au travail : une synthèse des approches au niveau international, initié et publié récemment par l'Institut de recherche Robert-Sauvé (IRSST), s'adresse tout d'abord aux chercheurs, employeurs et conseillers soucieux de la santé et de la sécurité au travail.

On estime aujourd'hui qu'entre 30 et 50 % des absences au travail seraient reliées à une santé psychologique défaillante occasionnée par différents « stresseurs ». Et il en existe de toutes sortes, d'une technologie mal maîtrisée aux conflits récurrents entre les membres du personnel jusqu'à la température du bureau. « Il faut prendre en compte, avant d’intervenir, l'ensemble des stresseurs physiques, liés aux organisations et à l'environnement de travail, et ceux psychologiques, liés à la personne », explique le Pr Courcy.

Car le stress n'est pas un problème seulement lié à l'individu, mais bien un « processus qui s’amorce avec des éléments appartenant à l’environnement de travail. Lorsque rien n’est fait pour en réduire les sources, le problème persiste (Kompier et Cooper, 1999) », souligne le rapport. Il est maintenant reconnu que l'épuisement professionnel — le fameux « burn-out » — serait occasionné à 60 % par des facteurs environnementaux et à 40 % par ceux reliés à l'individu.

À chacun sa stratégie !

Les interventions s'opèrent à trois niveaux : la prévention (pour vérifier ce qui peut nuire avant que quelqu'un soit malade), la recherche de symptômes (avant le diagnostic afin de trouver des ajustements) et la réintégration de la personne (afin de la faciliter à l'aide, par exemple, d'un retour progressif).

Sur 64 études recensées par le rapport, seulement cinq ou six seraient de grande qualité. « Nous avons souvent constaté un manque de rigueur scientifique. Il y a une foule de bonnes idées, mais leur efficacité n'est pas démontrée », confie le Pr Courcy. En Occident, les employeurs investissent peu dans la prévention et vont généralement regarder le problème d'un point de vue macroscopique. « Ce sont plutôt les conseillers au sein des Ressources humaines qui vont ouvrir les dossiers et s'intéresser aux individus », admet le Pr Courcy. Les Anglo-Saxons seraient en avance dans le domaine en mettant en place des politiques de prévention et des interventions qui s'appuient sur des données probantes.

Il reste encore un travail de sensibilisation à faire auprès des employeurs. C'est d'ailleurs l'une des recommandations du rapport avec la nécessité d'approfondir le travail de recherche au niveau du Québec. Il y a ainsi peu de travaux qui se penchent sur la santé psychologique des travailleurs autonomes, de plus en plus nombreux dans le paysage professionnel.

(1) Article sur l'épuisement professionnel dans le numéro de novembre 2004 de Psychologie Québec, consacré à la psychologie des organisations. Lire également l'article sur la santé psychologique

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