Deux risques de collision avec la station spatiale en moins d’une semaine. S’il fallait un rappel que même l’espace est « pollué », on l’a. Mais est-ce qu’on n’exagère pas un peu le risque? Après tout, l’espace, c’est grand.

S’il y avait réellement eu collision avec la station spatiale jeudi dernier, ça aurait été grave, révèlent des enregistrements de la NASA: les astronautes n’auraient eu que 10 minutes de réserves d’air avant de devoir évacuer à bord de la capsule Soyouz, amarrée en permanence à la station.

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L’objet faisait environ 12 centimètres de diamètre, ce qui, à la vitesse où filent ces débris, est assez gros pour percer un trou, même dans une paroi de métal.

Mais quelle est la probabilité d’un tel impact? Personne ne semble en mesure de faire ce calcul : ce qu’on sait, c’est que lorsqu’une telle alerte sonne, c’est parce qu’un objet doit passer « à proximité » de la station. Que veut dire « à proximité »? Dans le cas de la deuxième alerte —cette semaine— on parle d’un rayon d’un kilomètre.

Plus largement, ces deux incidents en une semaine —plus la collision entre deux satellites en février— rappellent que la « pollution » là-haut ne s’arrange pas. À l’heure actuelle, le Commandement spatial de l’Armée de l’air américaine suit à la trace de 18 000 à 19 000 objets de plus de 10 centimètres de diamètre : du fragment de satellite détruit jusqu’au satellite complet (il y en a 900) en passant par... un sac à outils perdu par un astronaute.

Les plus pessimistes évaluent qu’il pourrait y avoir jusqu’à un demi-million d’objets en orbite, en incluant tout, des petits fragments de peintures jusqu’aux vis et aux boulons. A 20 000 kilomètres / heure, même une vis ou un boulon, ça fait mal. Et au moins la moitié de ces objets sont sur une orbite basse, là où évoluent la station et les navettes.

Il y a au moins 20 ans que des experts en sciences spatiales font valoir aux autorités la nécessité d’établir des normes pour limiter l’accumulation de déchets —par exemple, obligé chaque pays lanceur de satellites à équiper ceux-ci d’une réserve de carburant supplémentaire, pour qu’une fois sa vie achevée, il puisse être expédié sur une orbite sécuritaire, ou dans l’atmosphère pour s’y désintégrer. Ce mois-ci à Genève, dans le cadre d’une rencontre des Nations Unies sur le désarmement, les représentants européens ont tenté de faire adopter un « code volontaire de conduite », ce qui en dit long sur le niveau de priorité.

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