Avec ses deux quartiers verts prévus pour 2010, Montréal fait figure de ville presque verte. Pistes cyclables, protection et mise en valeur des milieux naturels font partie désormais des priorités de la Ville. Si le principe de conservation de la nature en ville est acquis, une étude suisse menée sur 3 ans nous révèle les critères d’aménagement et d’entretien des espaces verts qui favorisent à la fois le bien-être de la population et la biodiversité en ville.

« L’idée que les villes sont pauvres en biodiversité est un mythe; le nombre d’espèces animales que nous avons répertoriées en ville est comparable à celui des écosystèmes à la campagne. Certes, nous n’y trouvons pas la même biomasse, mais la biodiversité y est semblable », annonce d’emblée Marco Moretti, chercheur suisse en écologie et chef d’un groupe de recherche de l’Institut Fédéral de Recherche WSL à Bellinzona. Actuellement chercheur invité au laboratoire d’écologie numérique du professeur Pierre Legendre de l’Université de Montréal, Marco Moretti a supervisé une étude transdisciplinaire sur la biodiversité dans 3 villes suisses — Zurich, Lugano et Lucerne — dans le cadre d’un programme national de recherche sur le développement durable de l’environnement construit.

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Sociologie versus écologie

Élément original, l’étude a été menée en synergie sur deux fronts à priori éloignés, la sociologie et l’écologie. « Pour déterminer les critères d’aménagement des espaces verts qui favorisent à la fois le bien-être de la population et la biodiversité urbaine, nous avons d’une part enquêté pour définir les besoins de la population en matière de nature urbaine – comprendre leurs craintes, leurs besoins, leurs attentes, etc. — et nous avons analysé d’autre part la biodiversité urbaine à travers 3 groupes d’animaux : les insectes, les oiseaux et les chauves-souris », explique le chercheur. Contre toute attente, il ressort du volet sociologique que l’espèce la mieux corrélée avec la biodiversité totale et en même temps, la plus à même de satisfaire les attentes des citoyens, est un oiseau coloré et autochtone : le pic épeiche.

La savane urbaine

« Grâce à cette espèce bioindicatrice et charismatique, nous avons déterminé les critères d’épanouissement des niches écologiques corrélées à la présence du pic épeiche en ville et nous avons abouti au scénario optimal d’aménagement des espaces verts ; il s’agit d’une sorte de savane clairsemée d’arbres et de plantes indigènes, à l’herbe pas trop rase, facile d’accès et reliée par un réseau d’allées vertes à d’autres zones verdoyantes. »

Adieu les jardins exotiques à la mode de Versailles, la biodiversité et les citadins préfèrent l’hétérogénéité visuelle, la diversité des sols et les plantes bien de chez nous. « Plus besoin de tondre aussi souvent ; avec une bonne planification de l’entretien, tout le monde y gagne ! » conclut-il.

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