« Poussière d’étoiles », c’est cette idée que les humains, les arbres, les roches et tout ce qui nous entoure, sont constitués d’atomes forgés il y a des milliards d’années, dans les étoiles. En 1957, dans un article publié par The Review of Modern Physics, Geoffrey Burbidge et trois collègues, dont sa femme, détaillaient l’hypothèse qui est devenue une des bases de la cosmologie : les étoiles, en terminant leurs vies dans de gigantesques explosions, ont « ensemencé » d’atomes lourds un univers jusque-là composé essentiellement d’hydrogène.
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
Sans ces atomes lourds — oxygène, carbone, fer, et tout le reste de ce que les chimistes appellent le tableau périodique — s’accrochant aux nuages de poussière qui forment peu à peu les futures planètes, pas de vie, et pas de primates bipèdes qui se posent des questions.
Nous sommes nés des étoiles, allaient dès lors résumer les uns. Nous sommes faits de la même matière que les étoiles, allaient rêver les autres. Nous sommes de la poussière d’étoiles, (We are stardust), allait chanter Joni Mitchell en 1969.
Dans les hommages rendus à Geoffrey Burbidge, des astronomes qualifient cet article « d’un des plus importants du siècle ». « Il a changé toute la vision de l’évolution chimique de l’univers », résume Allan Sandage, de l’Observatoire Carnegie.
Né en 1925, Burbidge était d’abord allé à l’université pour devenir historien, mais avait choisi la physique... pour pouvoir rester à l’université plus longtemps! Il y avait rencontré sa femme, Margaret Peachey, qui deviendrait une astronome de renommée internationale et grâce à qui il commencerait à s’intéresser à la physique des étoiles. Ils s’installent en Californie à la fin des années 1950, elle au California Institute of Technology, lui à l’Observatoire du Mont Palomar, où il est de la première génération de scientifiques à se pencher sur les énormes énergies émises par ces objets infiniment lointains, appelés quasars. Ils sont tous deux embauchés à l’Université de Californie à San Diego, où il travaillait toujours lors de sa mort, à l’âge de 84 ans.
Il fut aussi, à l’époque, parmi ceux mettant en doute la jeune théorie du Big Bang, de concert avec son coauteur de l’article de 1957, Fred Hoyle. Ce doute n’était pas si inhabituel à l’époque, mais deviendrait ensuite étrange : jusqu’à la fin de sa vie, Geoffrey Burbidge n’a eu de cesse de contester l’idée que le « décalage vers le rouge » (redshift) des objets célestes les plus lointains constitue la preuve que ceux-ci s’éloignent de nous — donc, que l’univers en expansion est né d’un Big Bang. Dans ses mémoires en 2007, il s’accrochait toujours à l’idée, aussi développée par Fred Hoyle, d’un univers statique et éternel.
Il est considéré comme un des derniers survivants de cette époque faste pour l’astronomie, époque où les États-Unis élevèrent de grands observatoires sur les sommets du sud-ouest de leur pays — de la Californie jusqu’au Nouveau-Mexique — installations auxquelles on doit les bonds de géants accomplis par cette science dans les années 1950 et 1960.