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L’accès à l’eau potable est un droit humain, au même titre que le droit à des soins de santé, à un toit ou à de la nourriture. C’est ce que stipule désormais une résolution adoptée le 26 juillet par les Nations Unies... mais qu’ont refusé d’approuver des pays comme les États-Unis, l’Australie... et le Canada.

Ce « droit humain » s’ajoute ainsi à la liste de la Déclaration universelle des droits de l’homme, votée en 1948. Il s’agit d’une simple déclaration de principes, ce qui signifie que son application repose —comme les autres droits humains— sur la bonne volonté des États. Mais elle été accueillie avec enthousiasme par les groupes d’aide au développement.

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Comme l’explique Maude Barlow, présidente du Conseil des Canadiens, qui fut conseillère sur l’eau auprès de cette Assemblée générale des Nations Unies :

L’eau n’était pas dans la Déclaration universelle des droits humains de 1948. À l’époque, personne n’imaginait que ça puisse être un problème. Des décennies plus tard, il est devenu clair que le mélange de pauvreté, d’eau souillée et de manque d’eau dans le Sud, tue des millions de personnes.

Sauf que dans l’intervalle, entre 1948 et maintenant, ce liquide indispensable à la vie est aussi devenu un bien commercial, et c’est sur cette réalité que l’idée d’une résolution a commencé à trébucher. Pour la Banque mondiale et certains pays donateurs, dont le Canada, une telle résolution pouvait entrer en conflit avec leur programme de privatisation de l’eau dans les pays en voie de développement. Devant les retards pris par le comité d’experts mandaté par les Nations Unies il y a deux ans, des pays du Sud, menés par la Bolivie, ont exigé la tenue d’un vote.

C’est dans ce contexte que cette résolution a été adoptée le 26 juillet, par 122 votes pour (dont la France, l’Allemagne, la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie), aucun vote contre et 41 abstentions.

Le texte souligne que 884 millions de personnes n’auraient pas un accès régulier à de l’eau potable et que plus de 2 milliards et demi n’auraient pas accès à des installations d’assainissement des eaux, comme celles que les Occidentaux considèrent élémentaires à leur mode de vie. Les Nations Unies estiment qu’un million et demi d’enfants meurent chaque année de maladies liées à la mauvaise qualité de l’eau. La diarrhée est la seconde cause de décès chez les moins de cinq ans à travers le monde.

La résolution en appelle donc à ce que pays riches et organismes internationaux « offrent » financement et technologie. Et c’est là l’étape la plus difficile, conviennent Maude Barlow et les autres promoteurs de cette résolution : comment lui faire dépasser le stade d’une déclaration de principe? Pour assurer à ces deux milliards et demi de personnes l’accès à un réseau de distribution de l’eau sécuritaire, il faudrait des investissements si gigantesques que personne ne s’est risqué à les calculer.

Ce n’est pas pour rien que le secteur privé est dans les parages, avec la Banque mondiale : seules des multinationales ont les ressources et l’expertise pour mener à bien de telles entreprises... avec un gros coup de pouce de l’État.

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