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On dit souvent que les Québécois émettent moins de gaz à effet de serre que les Albertains. Mais la différence est moins grande qu’on ne le croit: c’est une question de comptabilité, explique le Détecteur de rumeurs, données à l’appui.


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Qu’est-ce que l’inventaire national des GES?

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Chaque année, les pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) doivent faire un inventaire de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). La CCNUCC a émis des directives pour que tous les pays participants comptabilisent leurs émissions de la même manière.

Cet inventaire national fait le décompte des GES émis et absorbés sur un territoire, qui sont en lien avec les activités humaines. Par exemple, les transports émettent des GES mais les forêts commerciales en captent. Les GES comptabilisés incluent le dioxyde de carbone (CO2) mais aussi le méthane et l’oxyde nitreux qui sont traduits en équivalent CO2 (éq. CO2).

L'inventaire 2019 du Canada indique que le pays a émis 730 mégatonnes (Mt) d'éq. CO2, soit 19,4 tonnes éq. CO2 par personne. Pour le Québec, c’est 83,7 Mt d'éq. CO2 et pour l’Alberta, 275,8 Mt d'éq. CO2.

DDR-Comptabilisation des GES - Infographie 1

L’inventaire exclut les exportations et les importations

L’inventaire national comptabilise les GES émis sur le territoire mais il ne tient pas compte des importations et des exportations. Or, on importe au Canada des vêtements, des appareils électroniques, des aliments. Les émissions de GES liées à la production de ces biens sont comptabilisées dans les inventaires nationaux des pays qui les fabriquent.

Inversement, le Canada fabrique et exporte des biens et comptabilise dans son inventaire national les GES de ces biens exportés. Les sables bitumineux albertains en sont un exemple: les GES émis par l’exploitation sont imputés à l’Alberta, même si la province ne consomme pas la totalité des hydrocarbures qu’elle sort de terre.

L’inventaire ne reflète donc pas la pression exercée sur le climat par la population d’un territoire. Pour cela, il faudrait comptabiliser les GES émis par la production et la consommation des biens et services sur le territoire et les ajuster avec les GES liées aux importations et aux exportations.

Par exemple, le gouvernement français fait la distinction entre l’inventaire national et ce qu’il appelle l’empreinte carbone qui, elle, tient compte des importations et des exportations. Ainsi, en 2016, l’inventaire du pays arrivait à 438 Mt éq. CO2 soit 6,6 tonnes par personne. Mais l’empreinte carbone montait à 666 Mt CO2 éq. CO2 soit 10 tonnes par personne.

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L’empreinte carbone donne un portrait plus nuancé des GES

Des chercheurs de l’École de politique publique de l’Université de Calgary ont publié en 2017 une étude: elle fait un exercice semblable de calcul des émissions de GES liées à la consommation, en tenant compte des importations et exportations pour les années 2004 à 2011 et pour chaque province canadienne.

Ainsi, en 2011 au Québec, les émissions territoriales étaient de 82 Mt d’éq CO2, soit 10,2 tonnes par habitant. Mais en tenant compte des importations et exportations, les émissions atteignaient 120 Mt d’éq CO2, soit 15 tonnes par personne.

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La même année en Alberta, les émissions étaient de 237,1 Mt d’éq CO2, soit 62,5 tonnes par personne. Mais en tenant compte des importations et exportations, les émissions descendent à 149,6 Mt d’éq CO2, soit 39,5 tonnes par personne. Ce qui diminue nettement l’écart entre l’Alberta et le Québec.

Infographies : Vincent Devillard

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