dreamstime_xs_13224508.jpg
RALEIGH - Le journalisme scientifique a souvent été annonciateur de l’avenir des médias. S’il l'est toujours, alors l’antagonisme entre journalistes et blogueurs n’en aura plus pour longtemps: pour la responsable des contenus journalistiques en ligne du Scientific American, avoir un blogue serait devenu un minimum pour un aspirant journaliste.

«Ne pas en avoir est contestable», disait-elle jeudi, dans le cadre du congrès annuel Science Online, en Caroline du Nord. «Un blogue démontre que vous avez des habiletés.» Robin Lloyd répondait alors aux interrogations d’un groupe, composé essentiellement d’étudiants en science, qui se demandait ce que sont les voies à explorer pour qui veut devenir journaliste.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Le congrès, dont c’est la sixième édition, s’intéresse d’ordinaire aux communicateurs et aux scientifiques devenus blogueurs, mais cet atelier prenait le problème à l’envers: que faut-il, en 2012, pour passer de la blogosphère à l’univers des «vrais» médias? Les deux modérateurs, Hannah Waters et Lucas Brouwers, avaient lancé le bal : tous deux ont fait leurs premières armes en bloguant de leur propre initiative, et sont aujourd’hui à la fois journalistes (pigistes ou salariés) et blogueurs —dans ce dernier cas, ils le sont tous les deux au Scientific American, et ils y sont payés.

John Timmer, directeur des contenus scientifiques du webmagazine Ars Technica, renchérit: «faire un blogue signifie qu’une personne a pris la décision consciente d’écrire, qu’elle a fait ce choix. Alors pourquoi irais-je chercher des recrues ailleurs?»

On parle ici de blogueurs rémunérés, une réalité qui, là aussi, fait tout doucement son chemin. Chez Ars Technica, Discover et dans quelques autres publications, les professionnels embauchés pour bloguer sont payés: selon le rédacteur en chef des blogues du Scientific American, Bora Zivcovic —aussi l’une des âmes dirigeantes de ce congrès annuel— les blogueurs reçoivent 200$ par mois pour quatre billets de 300 mots. Une misère par rapport aux tarifs des pigistes américains, mais qui les place déjà dans une catégorie à part: plusieurs débutants voient ce type de blogue comme une porte d’entrée vers les «vrais » médias.

Pour le reste toutefois, les recommandations des vétérans démontrent que d’une génération à l’autre, le contexte n’a pas changé: les débutants, disent-ils, doivent se préparer à ce que leurs textes soient charcutés par un éditeur; les jeunes scientifiques doivent se faire à l’idée qu’il y a une longueur limite à un texte, même sur un blogue; et la nécessité d’une formation en journalisme... continue d’être débattue.

Je donne