Vatican-Dome-St-Pierre.jpg

Au-delà de tout ce qu’on a pu dire sur le caractère rétrograde de l’Église catholique face aux femmes et aux homosexuels, il y a eu une percée sous le pape François qui s’est avéré être un progrès inédit: ses prises de position sur l’écologie et le climat. 

À lire également

Pendant ces 12 années (2013-2025), alors que la plupart des autres chefs politiques louvoyaient sur le climat et débattaient plutôt des obstacles économiques, le pape est devenu une voix influente, que peu d’observateurs avaient vue venir, pour transmettre un message clair à propos des conséquences néfastes de l’activité humaine sur l’avenir de sa planète. 

« Nous faisons face à des défis systémiques distincts mais interconnectés », déclarait-il au Vatican en mai 2024. « Les changements climatiques, la perte de biodiversité, le déclin de l’environnement, les disparités globales, le manque de sécurité alimentaire et les menaces à la dignité des peuples qui sont ainsi affectés. » Ce discours avait lieu dans le cadre d’un « sommet sur la crise climatique ». 

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

C’était en plus de la célèbre encyclique de 184 pages Laudate Si —une encyclique est officiellement une lettre du pape aux évêques du monde entier, mais dans les faits, un document destiné à fournir des lignes directrices. Celle-ci, en 2015, avait frappé un grand coup en abordant de front, pour la première fois de l’histoire de la papauté, la problématique des changements climatiques.

Problématique que le document abordait à travers les impacts disproportionnés qu’aurait la crise sur les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Mais aussi à travers le contexte économique, jugé indissociable de ces impacts. « Nous ne faisons pas face à deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre, sociale. Mais plutôt à une crise complexe, à la fois sociale et environnementale. » Le pape y critiquait les pays développés qui, comme les États-Unis et la Chine, avaient le plus contribué aux émissions de gaz à effet de serre, mais aussi les « secteurs les plus riches des sociétés, où l’habitude de dépenser et de jeter atteint des niveaux inédits. Déjà, les limites maximales d’exploitation de la planète ont été dépassées, sans que nous ayons résolu le problème de la pauvreté. » 

« La Terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir. »

Il n’était bien sûr pas le premier à mettre de tels constats par écrit. Le concept « d’injustice environnementale » fait partie des sciences de l’environnement depuis deux décennies. Mais le fait qu’un tel constat provienne du pape avait donné à ces mots un poids inédit, leur permettant de rejoindre des segments de la population qui préféraient le déni. 

Et de là, jusqu’à des représentants politiques: Laudato Si avait été plusieurs fois citée quelques mois plus tard, lors de la rencontre annuelle des Nations unies sur le climat, qui conduirait à la signature de l'Accord de Paris. En 2018, le pape avait réuni des représentants des plus grands producteurs mondiaux d’énergies fossiles, dont ExxonMobil, BP et Shell, pour des réunions à huis clos; à défaut d’un miracle, il en avait au moins résulté une prise de position commune des directions de ces entreprises admettant l’importance de s’attaquer au réchauffement climatique.

Laudato Si avait aussi été précédée d’un mouvement de « militants environnementaux catholiques » pour créer des initiatives d’éducation populaire à travers le monde, et initier des actions comme le désinvestissement des énergies fossiles. 

Mais les forces conservatrices catholiques, notamment aux États-Unis, ont mis là aussi le pied sur le frein. Le magazine Time rappelait récemment que, « particulièrement dans les régions abritant une robuste industrie fossile », des politiciens locaux ont senti le besoin de répliquer que « les enjeux environnementaux sont en-dehors de la portée » d’un pape. En janvier 2015, alors que l’encyclique était en préparation, une déclaration du pape sur le climat lui avait même valu d’être qualifié «allié de l’extrême gauche» par un influent groupe conservateur américain.

« Parce que les enjeux sont aussi élevés, lisait-on dans le chapitre 6 de Laudato Si, nous avons besoin d’institutions autorisées à imposer des pénalités pour les dommages infligés à l’environnement. Mais nous avons aussi besoin des qualités individuelles d’auto-discipline et de volonté d’apprendre les uns des autres. »

Je donne
EN VEDETTE
Publicité
Appel à tous!
Publicité