C’est la DARPA, l’agence américaine chargée des projets de recherche avancée de défense, qui a organisé cette compétition et qui vient de dévoiler le gagnant de ce concours pour le moins surprenant, le Tag Challenge, qui en est à sa troisième édition.
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Ce concours a pour but de vérifier comment l'utilisation des réseaux sociaux peut aider à retracer de véritables criminels. L’agence américaine a donc donné douze heures aux participants pour retrouver sur deux continents –Amérique et Europe— cinq «criminels» dispersés dans autant de grandes villes. Ils ne connaissaient pas l’identité des suspects, seulement la ville où ils se trouvaient, la couleur, le logo et le code secret du T-shirt qu’ils portaient. Impossible?
Pas pour Manuel Cebrian, lauréat du concours, qui a réussi grâce aux réseaux sociaux à retracer trois des cinq «criminels» en cavale. Ce chercheur du MIT de Boston étudie les sciences sociales et les comportements humains au moyen de l’informatique. C’est par l’utilisation de ses théories et de son savoir-faire qu’il est arrivé à gagner pour la deuxième fois cette compétition.
«Mon travail est de trouver comment recruter des gens sur les réseaux sociaux à partir de modèles mathématiques. Dans cette compétition, nous avons simplement appliqué nos théories à la pratique», explique le chercheur. Et la théorie dans ce cas-ci: l’argent constitue un important incitatif de recrutement sur les réseaux sociaux.
La personne ayant atteint l’objectif, qui était de prendre une photo du suspect, recevait une récompense en argent ainsi que toutes les personnes incluses dans la chaîne du réseau social pour qu’elles se sentent aussi concernées par la recherche. «Ces deux mesures incitent les usagers des réseaux sociaux à se passer le mot et à diffuser l’information sur le suspect.»
Une initiative propre aux États-Unis
«Je n’ai jamais entendu parler qu’il y avait eu au Canada de concours similaires jusqu’à maintenant, mais depuis l’avènement d’Internet, je n’ose plus dire tout ou jamais!», admet Martin Lessard, spécialiste en stratégie web et médias sociaux. «Des concours commerciaux et des jeux utilisant le “crowdsourcing”, poursuit-il, ont déjà eu lieu, mais la gestion de ce type de stratégie qui fait appel au savoir-faire d’un grand groupe de personnes est très complexe. Il faut trier de grandes quantités de données et de réponses, d’où la relative marginalité de l’utilisation de cette technique.»
Or, d’apprendre qu’un homme seul dans son coin a réussi à trouver trois personnes sur cinq, s’avère surprenant selon M Lessard. En fait, d’après lui, «cela prouve aussi que nous sommes trouvables sur les réseaux sociaux et que dépendamment de la manière dont nous nous comportons sur ceux-ci, nous sommes plus facilement identifiables qu’avant.»