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Les mines ont mauvaise presse et cela ne date pas d’hier. Cette perception négative provient en partie de l’héritage plutôt mauvais laissé par les mines, comme dans le cas des sites miniers abandonnés. Pourtant, il existe des exemples d’exploitations minières réussis sur le plan environnemental, mais malgré tout, l’image des mines semble entachée à jamais.

«Peu importe les retombées, l’industrie minière ne rencontrera jamais ou rarement les attentes des gens», affirmait Michel A. Bouchard, chercheur associé au Centre McGill-PNUE lors d’un colloque sur l’acceptabilité sociale des mines, présenté à Québec dans le cadre du congrès annuel de l’Association francophone pour le savoir.

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Défis extra-miniers

L’industrie minière fait face à plusieurs défis outre celui de trouver et d’extraire une ressource minérale. En effet, les compagnies doivent également gérer des enjeux environnementaux, communautaires et sociaux, ainsi que des enjeux de gouvernance.

«Les grandes minières sont sous de fortes pressions d’autorégulation environnementale et sociale par le biais de leur financement, de leurs actionnaires et de leur image.» Selon le chercheur, les compagnies ont tout intérêt à se conformer si elles veulent avoir accès à du financement provenant de banques mondiales ou commerciales. «[Elles] ne le font pas par grandeur d’âme, mais plutôt à cause des forces du marché. Et si l’entreprise est riche, ce sont ses investisseurs qui lui feront la vie dure», précise-t-il.

Plusieurs outils sont mis à la disposition des compagnies minières pour les accompagner dans leurs démarches d’acceptabilité sociale. Le guide de bonnes pratiques du Conseil International des Mines et Métaux en est un exemple. Malgré tous les efforts que l’industrie peut mettre de l’avant pour assurer la responsabilité sociale de ses entreprises, le mieux qu’elle puisse faire, c’est d’éviter les écueils et maximiser les avantages. «Il faut bien que quelqu’un, quelque part, subisse plus de préjudices pour le bien commun», croit le chercheur.

Pas dans ma cour, ni celle du voisin

La gestion de projet s’est transformée au cours des dernières décennies. «Le concept d’acceptabilité sociale n’existait pas dans les années 1970. À l’époque, un comité d’experts et de promoteurs devait exécuter une commande bien définie et arriver au produit final coûte que coûte», se rappelle Valérie Lehmann, professeure à l’ESGUQAM.

Ce n’est qu’à partir des années 2000 que la population s’est inscrite dans le processus en amont de projets de toute taille. L’arrivée des technologies de l’information et le traitement du sujet par les médias y sont assurément pour quelque chose. Avec le temps, plusieurs citoyens se sont forgé une conscience environnementale. Cette prise de conscience n’est pas arrivée seule: le syndrome du «pas dans ma cour» a fait également son apparition, notamment à cause de nombreux exemples de projets qui ont mal tourné. Surnommé le syndrome NIMBY en anglais (pour Not In My BackYard), le phénomène s’est même accentué ces dernières années pour devenir ce que certaines personnes appellent le syndrome BANANA: Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anything, pouvant être traduit par «ne construisez rien, nulle part, près de quoi que ce soit».

«Puisque la population assimile désormais mieux l’information, les gestionnaires de projet ont tout intérêt à chercher la satisfaction de toutes les parties prenantes», indique l’enseignante pour qui le modèle de développement des villes pourrait être une source d’inspiration pour les projets de développement minier, en citant en exemple l’Office de consultation publique de Montréal, mis en place en 2002.

La certification, la clé?

Une autre solution envisageable pour favoriser l’acceptabilité sociale de l’industrie minière serait la certification d’après Suzanne Durand, professeure à la Chaire en entrepreneuriat minier UQAT-UQAM.

La certification en développement durable par un organisme indépendant comporterait plusieurs avantages pour les entreprises d’exploration minière, surtout afin d’assurer le fonctionnement responsable de l’entreprise, d’améliorer ses relations avec les parties prenantes et de rassurer ses investisseurs.

Plusieurs paramètres doivent cependant être évalués avant la mise en place d’une certification pour ce secteur. «Il faut entre autres vérifier si une certification existante pourrait être appliquée à l’industrie minière ou s’il serait préférable d’en élaborer une en partant de zéro», indique la chercheuse.

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