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Une bataille des climatosceptiques pour gagner par les tribunaux plutôt que par la science les aura conduits dans une nouvelle impasse: un deuxième tribunal américain a rejeté leur demande d'accès aux courriels d'un prof d'université.

Et c’est du coup un soulagement pour les universitaires, toutes disciplines confondues, dont la liberté d'expression aurait été mise à mal s'il s'était avéré que leurs correspondances privées relevaient du domaine public.

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Le jugement rendu le 17 avril par la cour supérieure de l’État de Virginie, conclut que les courriels du climatologue Michael Mann sont de propriété privée parce qu'en lien avec des recherches académiques, et ne relèvent donc pas de la loi de la Virginie sur l’accès à l’information —qui s’adresse aux organismes gouvernementaux ou relevant de l'État.

La poursuite avait été déclenchée il y a trois ans par l’American Tradition Institute (ATI), un organisme dénoncé à l’époque pour ses «attaques personnelles contre les climatologues», par l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS).

Ce jugement en Virginie est une lointaine retombée du climategate, la controverse qui, à l'automne 2009, avait consisté à dévoiler, à la suite d'un piratage informatique, un millier de courriels échangés pendant 10 ans entre des climatologues britanniques et américains —dont le dénommé Michael Mann. Les climatosceptiques avaient monté en épingle une poignée de mots —dont une fameuse «astuce»— en leur attribuant des significations qui, affirmaient-ils, prouvaient l’existence d’un complot. L'affaire avait fait suffisamment de bruit pour renforcer la sphère climatosceptique dans ses opinions, bien qu’une dizaine d’études et d'enquêtes (dont l’Université d’État de Pennsylvanie et la Chambre des communes de Londres) aient depuis conclu qu’il n’y avait rien à tirer de ces courriels.

L’ATI, un groupe qui nie la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, voulait obtenir les courriels du climatologue Michael Mann, affirmant pouvoir y trouver les preuves d’un complot. Mann, qui était alors à l’Université de Virginie, est l’un de ceux dont le nom, en 1998, a été associé à l’image du «bâton de hockey», ce graphique qui, sur un millier d’années, montre une moyenne des températures plutôt horizontale, qui s’infléchit soudainement vers le haut dans le dernier siècle. Depuis, les études sur l’évolution des températures n’ont cessé de raffiner ce graphique.

En 2012, Michael Mann a résumé ses déboires dans un ouvrage de vulgarisation, The Hockey Stick and the Climate Wars .

Michael Halpern, directeur du programme science et démocratie à l’organisation Union of Concerned Scientists —un des groupes à s’être opposés à la divulgation des courriels— se réjouit du jugement qui «autorise les scientifiques à poursuivre des recherches difficiles, libres de menaces ou d’intimidation».

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