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L’hirondelle bicolore fait de moins en moins nos printemps. Reconnaissable par sa jolie robe bleue au dessous blanc, ce passereau aux longues ailes et aux courtes pattes ne se porte pas bien.

Plus rare et plus chétive qu’auparavant, cette hirondelle inquiète les biologistes qui l’étudient. «Les femelles sont plus légères d’année en année, ce qui peut être dramatique pour un oiseau de 20 grammes à peine», confirme Sébastien Rioux Paquette, étudiant postdoctoral au département de biologie de l’Université de Sherbrooke.

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Selon les données colligées par l’équipe de recherche, dont fait partie le jeune étudiant, l’hirondelle bicolore aurait vu sa population québécoise diminuer de moitié depuis 25 ans. Depuis 2004, des données statistiques et physiologiques – poids, mesures, présence de parasites et données génétiques —sont relevées à même les 400 nichoirs à hirondelles installés en Estrie et en Montérégie aux fins d'analyses.

Dans une précédente étude, les biologistes avaient examiné les boulettes de régurgitation avec lesquelles les parents nourrissent leurs rejetons. L’examen de cette mixture leur avait permis de découvrir que les hirondelles bicolores et leurs petits s'alimentent en grande partie de diptères (mouches, moustiques, taons). «Ils forment un tiers de la boulette donnée aux oisillons», précise le chercheur.

Malgré les épandages agricoles de pesticides, ces insectes resteraient abondants lors de la saison de reproduction –plus de 150 000 diptères ont été capturés par les biologistes entre 2006 et 2008. La mauvaise santé de cette belle migratrice ne semble donc pas provenir de la pauvreté de son alimentation.

Hivernage et changements climatiques

Les auteurs de l’étude n’ont pas réussi à établir un lien direct entre l’agriculture intensive, friande d’insecticides, et la perte de poids des hirondelles bicolores. La pollution et les modifications du paysage sont susceptibles de lui nuire, mais ne peuvent pas tout expliquer.

C’est pourquoi ils regardent actuellement plus au sud où l’hirondelle bicolore s’installe de septembre à mars: aux États-Unis, au Mexique et en Amérique centrale.

L’hivernage de cet oiseau migrateur pourrait être la raison principale de sa mauvaise santé. Les changements climatiques pourraient également influencer la vie des hirondelles. Les conditions de migration se détériorent avec la multiplication des épisodes météorologiques extrêmes. «Sans compter que les aires d’hivernage ne nourrissent sans doute plus suffisamment nos hirondelles», soupçonne Sébastien Rioux Paquette.

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