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Deux frères jumeaux. L’un est allé dans l’espace pendant 340 jours. Des changements à ses gènes ont fait les manchettes l’an dernier, et les résultats sont finalement parus cette semaine. Mais que ces changements soient une bonne ou une mauvaise chose, personne ne s’entend là-dessus.

Dans un sens, ça donne des armes aux pessimistes de l’exploration spatiale, pour qui notre corps subira des changements là-haut dont on ne sait encore trop rien. Dans l’autre sens, ça donne des armes aux optimistes : un an après le retour sur Terre de Scott Kelly, ses gènes « altérés » sont pratiquement revenus à ce qu’ils étaient avant. On continue d’observer des différences physiologiques subtiles avec son frère jumeau, mais il est difficile de les associer à un ou plusieurs de ces gènes.

Il y a un an, beaucoup avaient blagué sur le fait que les deux frères jumeaux n’étaient plus des frères jumeaux. En réalité, les changements chez Scott étaient mineurs. L’expression de 7 % de ses gènes avait été affectée par son séjour dans l’espace, un chiffre plus impressionnant qu’il n’y paraît : il ne signifie pas que 7 % des gènes ont muté, comme certains l’avaient compris, simplement que des gènes produisaient plus ou moins les protéines qu’ils étaient censés produire. À titre de comparaison, la cigarette, l’alimentation ou le stress altèrent également l’expression de centaines de gènes chez une personne.

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Mineurs, mais néanmoins intrigants : pourrait-on identifier quelque chose d’inquiétant ou de dangereux parmi ces changements ? Des mises en garde pour les futurs astronautes, en particulier ceux qui iront un jour vers Mars ? Réponse aujourd’hui : on n’en sait rien. Isoler une seule cause — microgravité, radiations, circulation de l’air, alimentation sèche, insomnies — s’est révélé impossible. Même une hypothèse qui semblait solide avant le départ de Scott Kelly — que le stress inhérent à un tel séjour allait raccourcir les structures de ses chromosomes appelées télomères — n’a pas tenue : ses télomères étaient, à son retour, plus longs que ceux de son frère.

Par-dessus tout, il y a un autre problème qui empêche de tirer des conclusions hâtives : on est devant un échantillon d’un seul astronaute, une seule paire de frères jumeaux. Tout changement observé sur le jumeau astronaute pourrait être, pour l'instant, autant attribué à l’effet d'un séjour dans l’espace qu’à la chance.

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