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Si le pire se produit pour les Américaines en matière de droit à l’avortement, des signaux d’alarme vont s’allumer dans le secteur de la santé: parce que de nombreuses études ont confirmé au fil des décennies que des restrictions au droit à l’avortement ne réduisent pas le nombre d’avortements. Elles augmentent plutôt les risques de décès lors d’avortements.

Selon une étude de 2009, les pays avec les lois les plus restrictives rapportaient un taux de décès liés à l’avortement 34 fois plus élevé. Cela se traduit, à travers le monde, par 68 000 décès par année liés à des avortements réalisés dans des conditions moins sécuritaires, et par 5 millions de femmes qui souffrent de complications à long terme. Un fait qui est pourtant peu soulevé par les mouvements qui s'étiquettent « pro-vie ».

Ça va plus loin encore, selon cette même étude de l’Hôpital Brigham and Women de Boston: les pays avec les lois les plus restrictives sur l’avortement avaient un plus haut taux d’avortement que les pays avec les lois les moins restrictives. Une des raisons est que des lois moins restrictives sont souvent accompagnées d’un meilleur accès à la pilule contraceptive et de meilleures campagnes d’information et de sensibilisation. 

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Par ailleurs, il faut rappeler que le risque de décès lors d’un accouchement est plus élevé que le risque d’un décès lors d’un avortement réalisé dans des conditions sécuritaires. Aux États-Unis, les plus récents chiffres du Centre de contrôle des maladies (CDC) font état de 0,41 décès par 100 000 avortements, contre 23,8 décès par 100 000 naissances. Ce dernier chiffre varie toutefois considérablement suivant les régions et les revenus: rappelons que l’assurance-maladie n’est pas universelle aux États-Unis. Ainsi, le taux de mortalité de la mère à l’accouchement y est presque trois fois plus élevé chez les Noires.

Cette dernière donnée n'est pas, elle non plus, souvent soulevée par les mouvements qui se présentent pourtant comme « pro-vie » aux États-Unis. Tout comme ils ne semblent pas s’être préoccupés ces dernières années du fait que les États-Unis avaient, parmi les pays riches, l’un des pires taux de mortalité chez les femmes enceintes, et l’un des pires bilan en matière de soins pré-nataux.

C’est sans compter les impacts sur la santé mentale et sur la vie future de la mère en général. À ce sujet, une étude de l’Université de Californie comparant les mères qui avaient eu accès à un avortement à celles à qui on avait refusé un avortement, a conclu à des impacts autant sur la santé que sur le statut socioéconomique. Le travail, appelé Turnaway Study, a consisté en un suivi, pendant 5 ans, de 1000 femmes à travers les États-Unis. Depuis 2014, une cinquantaine d’études auraient été publiées grâce à ces données inédites: entre autres, les femmes qui n’ont pas eu accès à un avortement sont plus à risque d’être en couple avec un partenaire violent, sont 4 fois plus à risque d’être dans un ménage dont le revenu est sous le seuil de pauvreté, et sont 3 fois plus à risque d’être sans emploi.

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