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Pour la troisième fois de l’histoire, un patient a été déclaré « sans VIH »: autrement dit, complètement débarrassé de ce virus responsable du sida qui, en général, a plutôt tendance à rester indéfiniment « dormant ».

Depuis qu’ont été mis au point les traitements dits antirétroviraux à la fin des années 1980, l’objectif était de réduire le virus jusqu’à des niveaux indétectables, dans l’espoir qu’il ne puisse ainsi plus être transmis à d’autres personnes. Mais le virus restait en quelque sorte « enfermé » dans des réservoirs à l’intérieur du corps, prêt à resurgir dès le moment où le patient cessait le traitement.

Or, un homme de 53 ans, en Allemagne, doit apparemment sa chance à une greffe de moelle osseuse dont le donneur était porteur d’une mutation, appelée CCR5 delta 32: celle-ci rend ceux qui en sont porteurs (moins de 1% de la population) résistants au VIH. Le virus, qui utilise le récepteur CCR5 pour entrer dans les cellules, en est incapable avec cette mutation. Le « patient de Düsseldorf », comme il est appelé, a « hérité » de la mutation en même temps que de la greffe.

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Mais le processus a été si long et complexe que les chercheurs ne voient pas pour l’instant comment il pourrait être reproduit à grande échelle. Diagnostiqué porteur du VIH en 2008, le patient a développé une leucémie en 2011, a subi d’abord une chimiothérapie puis a pu bénéficier de cette greffe en 2013, et a pu finalement prendre le risque, en 2018, d’interrompre les antirétroviraux. Quatre ans plus tard, le virus n’est pas réapparu.

C’est la même technique qui avait été utilisée chez le « patient de Berlin », Timothy Ray Brown, en 2007, et chez le Britannique Adam Castillejo, dont l’existence avait été révélée en 2019. À ce jour, ce sont les deux seuls autres patients officiellement diagnostiqués comme ayant été débarrassés de leurs réservoirs de VIH. Un New-Yorkais a également été mentionné en 2022, « sans VIH » depuis 14 mois à ce moment, un délai toutefois jugé trop bref pour le décréter « guéri ».

S’il est certain que les cellules porteuses de la mutation ont joué un rôle déterminant, les experts du domaine ont commenté avec beaucoup de bémols la recherche publiée le 20 février sur ce patient de Düsseldorf. Peut-être sa chimiothérapie a-t-elle contribué au succès, en empêchant certaines cellules infectées de se reproduire. Et dans tous les cas, les risques d'un rejet dans les greffes de moelle osseuse sont élevés, rendant difficile d’imaginer qu’on en propose à ceux qui ne souffrent pas d’une leucémie.

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