Magali Carcopino-Tusoli, qui est spécialiste en médecine vasculaire à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, accuse Éric Chabrière, bras droit de son père à l’époque, d’avoir publié une série de messages injurieux et mensongers ciblant son conjoint, le gynécologue-obstétricien Xavier Carcopino-Tusoli, elle-même, et leur travail de médecins. Les messages, en 2021, provenaient d’un compte Twitter anonyme, « Le Professionnel ».

Le biochimiste Éric Chabrière a nié en être l’auteur, prétendant que son compte avait été piraté. Mais depuis la première audience, le 6 janvier dernier, l’avocat du couple a déposé en preuve le numéro de téléphone associé à ce compte, qui est celui de Chabrière, ainsi que trois messages où celui-ci reconnaissait être derrière le compte en question. Chabrière était alors à l’emploi de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille (IHU) dont Didier Raoult, qu’il appelle son « mentor », était le directeur.

Témoignant le 6 janvier, Magali Carcopino-Tusoli avait notamment déclaré: « C’est une souffrance de vivre ça, cette espèce de haine gratuite qui n’a plus aucun fondement. C’est de l’acharnement pour l’acharnement. »

En 2021, la Dr Carcopino-Tusoli. qui ne s’identifiait pas publiquement comme « la fille de », était en contradiction avec son père: lui défendait l’hydroxychloroquine comme traitement contre la COVID, tandis qu’elle défendait l’importance de la vaccination. De par son travail, elle était en première ligne dans la lutte contre la COVID, depuis le début de la pandémie. Avec son fils de 16 ans, elle avait même publié à l’été 2021 une bande dessinée sur « l’incroyable histoire du vaccin ARN ». Selon ce qu’ont rapporté les médias français, les tweets haineux et les attaques sexistes se seraient multipliés à ce moment. Et certains de ces tweets provenaient du « Professionnel ». La poursuite en diffamation a été déposée en février 2022.

Chabrière avait aussi un compte public sur Twitter, et était connu comme un hyperactif du média social, prompt à attaquer toute critique, au point de s’être mérité le surnom de « shérif de l’IHU ». Or, l’avocat du couple a également déposé en preuve le fait que les heures d’utilisation des deux comptes semblent synchronisées.

Dans un dossier séparé, le tribunal judiciaire de Paris avait enjoint Twitter, en octobre 2022, de dévoiler les données d’identification d’une dizaine de comptes dont « Le Professionnel », dans le cadre d’une poursuite déposée par un professeur de mathématiques, lui aussi critique de Didier Raoult.

Carcopino-Tusoli est décrite par les médias français comme étant en conflit avec son père depuis des années. Elle est née d’un premier mariage et n’aurait plus de contacts avec lui depuis longtemps.

Le tribunal devait rendre son jugement le 10 mars, mais a ajourné au 5 mai, après avoir reçu un nouvel élément de preuve: cette communication par Twitter du numéro de téléphone associé à la création du compte en question, qui serait donc bel et bien celui de Chabrière.