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Le lancement d’une sonde lunaire jeudi par une compagnie privée rappelle que la possibilité d’atteindre la Lune reste très hasardeuse en 2024, même si six décennies se sont écoulées depuis les premières missions lunaires.

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Si la sonde automatisée Odysseus (aussi appelée Nova-C), de la compagnie américaine Intuitive Machines, se pose sur la Lune le 22 février, ce sera en effet une triple première : 

  • Le premier alunissage d’un engin américain depuis la dernière mission Apollo, en 1972
  • Le premier alunissage d’un engin envoyé par une compagnie privée plutôt que par une agence spatiale comme la Nasa
  • Et une première pour 2024, puisque depuis le début de l’année, une mission japonaise (SLIM) et une américaine (Peregrine) ont échoué dans leurs tentatives.

Pour ajouter à la symbolique de la conquête de l’espace par le secteur privé, c’est une fusée Falcon 9 de la compagnie SpaceX qui a lancé Odysseus le 15 février. Son lieu d’alunissage prévu, le cratère Malapert, est situé à environ 300 km du pôle sud.

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Ces dernières années, trois tentatives d’alunissage en douceur par des compagnies privées ont échoué: la sonde israélienne Beresheet (« Genèse ») en 2019 qui s’est écrasée sur le sol lunaire, la sonde japonaise Hakuto-R en avril 2023 qui s’est également écrasée, et la sonde américaine Peregrine qui s’est désintégrée dans l’atmosphère terrestre en janvier après avoir échoué à se mettre sur la bonne trajectoire. En-dehors du secteur privé, une sonde de l’agence spatiale indienne, Chandrayaan-2, s’est également écrasée en 2019. En revanche, sa successeure, Chandrayaan-3, s’est posée avec succès près du pôle sud en 2023. 

L’intention, en faisant appel à des compagnies privées, est d'en arriver à réaliser des missions moins coûteuses: un enjeu de taille si on veut espérer voir un jour des humains vivre en permanence sur la Lune. Mais des missions moins coûteuses signifient aussi un risque d’échec plus élevé.

On notera en parallèle que, bien qu’il s’agisse de compagnies privées, elles doivent pour l’instant leurs lancements, voire leur existence, à des fonds publics: Peregrine avait à son bord, tout comme Odysseus, des chargements payés par la NASA —108 millions$ US pour transporter cinq instruments scientifiques sur Peregrine, et 118 millions$ sur Odysseus. Quant à SpaceX, elle a reçu plus de 15 milliards$ en contrats gouvernementaux en 15 ans.

Peregrine et Odysseus s’inscrivent de plus dans un programme de la NASA, Commercial Lunar Payload Services, visant à tester les capacités des compagnies privées à se rendre sur la Lune: la NASA elle-même reconnaissait, en lançant ce programme en 2018, qu’il fallait s’attendre à un taux d’échec de 50%. On devrait savoir sous peu si cette prévision était réaliste ou optimiste.

Ajout 21 février: Odysseus est entrée en orbite lunaire dans la matinée. L'alunissage est toujours prévu pour l'après-midi du 22, selon la compagnie Intuitive Machines. 

Ajout 22 février : Odysseus s'est posée sur le sol lunaire vers 18h23 (heure du Québec), ce qui en fait le premier engin américain à alunir depuis la dernière mission Apollo, en 1972, et le premier d'une compagnie privée. Les premières informations de la compagnie Intuitive Machines faisaient état d'un signal radio « faible ». La sonde doit normalement fonctionner pendant 7 jours, jusqu'à la tombée de la nuit lunaire. 

Ajout 26 février: Sa capacité à renvoyer des données ayant été limitée par le fait qu'il s'est posé sur le côté, Odysseus va tomber en panne vers le 27 février, lorsque le Soleil va cesser de l'alimenter en énergie. Il n'est pas conçu pour survivre aux deux semaines de nuit lunaire qui vont suivre. Une sonde en orbite, Lunar Reconnaissance Orbiter, a pris une photo d'Odysseus.

Ajout 27 février: Par ailleurs, il semble que la sonde japonaise SLIM, qui s'était posée en janvier et dont on n'avait plus entendu parler, soit encore capable d'émettre. Un signal avait été reçu le 28 janvier, et un autre le 25 février, ce qui veut dire que l'engin a survécu, du moins en partie, à la glaciale nuit lunaire. 

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