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Le rat-taupe nu a une espérance de vie de 37 ans, soit beaucoup plus que tous ses cousins rongeurs. Son secret pourrait-il nous servir?

Une recherche publiée le 9 octobre dans la revue Science par une équipe chinoise, à l’Université de Shanghai, identifie une mutation, mais pas n’importe quelle mutation: un variant d’une protéine du système immunitaire qui renforce les mécanismes de réparation de l’ADN. 

En d’autres termes, la longévité de cet animal serait liée au fait que les dommages à son ADN sont plus souvent réparés. Cela renforce une théorie voulant que, à l'inverse, le vieillissement serait avant tout une affaire de dommages à l’ADN qui sont moins souvent réparés.

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C’est la raison pour laquelle ce type de recherche attire l’attention de tous les spécialistes du vieillissement chez les humains — même s’ils conviennent qu’il y a souvent loin du rongeur à l’humain. 

Le rat-taupe nu (Heterocephalus glaber) est un petit rongeur —de 8 à 33 cm de long et généralement de 30 à 35 grammes— essentiellement présent en Afrique de l’Est. Il a pour caractéristique, outre son espérance de vie, sa résistance à certains types de cancers. Son métabolisme présente une capacité limitée de régulation de la température, ce qui en fait pratiquement un mammifère à sang froid.

La protéine identifiée par les chercheurs chinois, appelée cGAS, est en soi une énigme: autant chez la souris que chez l’humain, lorsqu’elle est présente dans le noyau des cellules, elle a cette étrange conséquence de bloquer les réparations à l’ADN, ce qui augmente le taux de mutations et les risques de cancers. Du point de vue de la biologie de l’évolution, on ne comprend donc pas le pourquoi de cette fonction: il pourrait s’agir d’un effet secondaire imprévu de quelque chose d’autre. 

Mais chez le rat-taupe nu, sa présence dans le noyau de la cellule a l’effet opposé, soit de renforcer la capacité de l’ADN de se réparer. Et la différence, lit-on dans l’étude, résiderait dans quatre des acides aminés qui composent la protéine cGAS: si elles sont altérées chez le rat-taupe nu, la protéine ne contribue plus aux réparations de l’ADN. 

La solution pour les humains serait-elle donc de produire davantage d’une protéine cGAS dont la composition imiterait celle du rat-taupe nu? Ce serait en théorie possible par la manipulation génétique, mais encore faudrait-il, préviennent les chercheurs, s’assurer que cette protéine « améliorée » serait reproduite en nombre suffisamment élevé dans notre corps, ce qui est loin d'être acquis. 

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