Si les vaccins à ARN sont, depuis la COVID, jugés aussi prometteurs pour de futures applications, c’est parce qu’ils sont plus faciles à produire que les vaccins traditionnels. Or, la prochaine génération de ces vaccins pourrait être encore plus rapide, si on en croit une expérience menée chez des souris.
À lire également
Le principe du vaccin à ARN est qu’il envoie à nos cellules la « recette » —par l’intermédiaire d’un fragment d’ARN, d’où leur nom— pour fabriquer la défense contre l’ennemi, défense qui prend alors la forme d’une protéine. En comparaison, le principe du vaccin traditionnel est d’envoyer dans notre corps une « imitation » du virus, qui obligera notre système immunitaire à préparer une défense adéquate.
Or, pour produire cette imitation, il faut bien analyser le code génétique du virus, et son évolution dans le temps —puisque, comme la grippe le rappelle d’une année à l’autre, un virus peut évoluer suffisamment vite pour que la première version du vaccin devienne tout à coup moins efficace. Il faut donc cultiver le virus en laboratoire et tout cela prend des mois.
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
En comparaison, les vaccins à ARN peuvent en théorie être produits dès que l’on a identifié quelles « instructions » précises envoyer à nos cellules pour produire quelles protéines.
Il y a tout de même un bémol. Les vaccins à ARN qui ont servi pendant la COVID intègrent le fragment d’ARN contenant les instructions dans ce qu’on appelle communément une « bulle protectrice » ou nanoparticule de lipide, qui se rend jusqu’à la cellule. Mais chaque cellule qui reçoit ces instructions ne peut produire que quelques protéines, qui seront alors dispersées sur la surface de la cellule.
Il est en théorie possible de les assembler pour former quelque chose qui a l’apparence d’un virus —de manière à provoquer une plus forte réponse de notre système immunitaire— mais c’est là que la production s’avère difficile. Et c’est l’obstacle que propose de contourner une étude parue le 15 octobre dans la revue Science Translational Medicine. Sous la direction de la chercheuse Grace Hendricks, de l’Institut de création des protéines à l’Université de Washington, l’équipe décrit des protéines capables de « s’auto-assembler » en des particules de 25 nanomètres de large —ou 25 millionièmes de millimètre— et qui reproduisent à peu près la forme symétrique d’un virus.
Chez les souris où la chose a été testée, le résultat serait une réponse immunitaire entre 5 et 28 fois plus forte qu’avec les vaccins à ARN actuels. Il est impossible de dire si une telle réponse se répéterait chez les humains: il faudrait d’abord s’assurer que l’auto-assemblage ne produit pas des protéines mal placées (« mal pliées », dans le jargon) qui pourraient tromper la réponse immunitaire.
Si ça se vérifie chez des humains —et c’est, comme toujours, un gros « si »— cela signifierait qu’on aurait besoin de moins grosses doses pour les vaccins mais surtout, que ça pourrait aussi servir contre certains cancers: la capacité d’introduire de l’ARN dans une cellule pourrait en effet servir, comme on en parle depuis quelques années, autant à combattre des maladies infectieuses que des cancers. Et cela, parce que le principe de base est, dans les deux cas, d’envoyer à notre organisme les « instructions » nécessaires pour que le système immunitaire attaque efficacement un « ennemi ». Cet ennemi pouvant être aussi bien un virus qu’une tumeur.





