Après la forêt amazonienne, c’est au tour de la forêt africaine d’émettre davantage de carbone qu’elle n’en absorbe. Mais alors que la déforestation en Amazonie diminue de façon encourageante, elle augmente au Congo.
À lire également
La forêt humide du Congo, qui s’étend dans six pays du centre du continent africain, est parfois qualifiée de « poumon de l’Afrique »: deuxième plus grande forêt humide du monde, après l’Amazonie, elle absorbe environ 600 millions de tonnes de CO2 par an.
Mais cette estimation devra être bientôt révisée: selon des calculs parus récemment, les forêts africaines auraient perdu, entre 2011 et 2017, environ 106 millions de tonnes de biomasse par an, l’équivalent d’environ 200 millions de tonnes de CO2 par année. Le plus gros de ces pertes vient de la forêt humide du Congo, à cause des coupes forestières et de l’exploitation minière. L’estimation, publiée le 28 novembre dans la revue Scientific Reports, provient d’une équipe de huit pays, dirigée à l’Université de Leicester (Royaume-Uni).
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
Toute forêt est par définition un « puits de carbone », puisque n’importe quelle plante absorbe du CO2 dans le cadre de son cycle de vie. Toute forêt en émet également de façon naturelle, à mesure que les plantes meurent et se décomposent. Le problème, dans le contexte actuel du réchauffement climatique, commence lorsque l’activité humaine est telle qu’elle transforme un « puits » en « émetteur »: cela ajoute donc aux gaz à effet de serre envoyés dans l’atmosphère, à une époque où il s’en envoie déjà trop.
« Si nous perdons les forêts tropicales comme moyen d’atténuer les changements climatiques, nous devons dès lors réduire nos émissions de gaz à effet de serre encore plus vite », résume dans le New Scientist le chercheur principal, le géographe physique Heiko Balzter.
Le phénomène commence à être bien documenté du côté de l’Amazonie. Il commence même à affecter les forêts boréales du Nord canadien: par exemple, une recherche parue en octobre 2024 dans la revue Science, concluait qu’un type de forêt boréale avait pratiquement triplé ses émissions annuelles de CO2 entre 2001 et 2023, uniquement à cause des incendies plus fréquents.
Tout calcul de ce type est imparfait, reconnaissent les auteurs de la nouvelle recherche. La perte de biomasse est estimée à partir de photos satellites d’abord, et de relevés au sol ensuite, ces derniers étant plus difficiles à réaliser dans ces régions. Mais la déforestation est bel et bien en croissance depuis les années 2000, et facile à repérer depuis l’orbite.
Malgré cela, le Congo a généralement bénéficié de beaucoup moins d’attention que l’Amazonie, regrette depuis longtemps le chercheur britannique Simon Lewis, directeur de l’Initiative scientifique du bassin du Congo.
Une forêt humide repose sur un fragile équilibre du cycle de l’eau. Une partie importante de cette humidité dans l’air provient de l’évaporation des sols et de la transpiration des plantes. Par conséquent, plus on coupe des arbres, plus on court le risque d’enrayer cette mécanique subtile : passé un certain seuil, le cercle vicieux de l’assèchement est enclenché.





