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Les agronomes, les chimistes et l’industrie agricole en général sont sur le pied de guerre contre les mauvaises herbes. Ceci n’est pas nouveau, car les agriculteurs ont toujours eu à lutter contre les plantes qui empiètent sur leurs cultures.

Ces plantes, qui dans ce cas acquièrent le qualificatif de «mauvaises» herbes, représentent à peu près 2000 espèces en Amérique du Nord. Ce qui est nouveau, c’est que ces «mauvaises» herbes sont devenues plus difficiles à contrôler, car plusieurs d’entre elles ont développé une résistance à l’un des herbicides les plus couramment utilisés, le glyphosate.

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Introduit par Monsanto dans les années 1980 sous le nom de Roundup, le glyphosate est l’herbicide le plus vendu en Amérique du Nord. Il doit sa popularité au développement de cultures génétiquement modifiées pour être tolérantes au glyphosate. Aujourd’hui, aux États-Unis, 94% du soja, 73% du coton et 72% du maïs présentent ce trait d’être «Roundup Ready». Au Canada, ce sont surtout les cultures de canola, à plus de 90%, qui sont génétiquement modifiées pour résister soit au Roundup, soit à un autre herbicide de formulation similaire, Liberty.

L’adoption de variétés «Roundup Ready» a grandement simplifié le travail des agriculteurs. Les mauvaises herbes sont plus faciles à contrôler et l’herbicide peut être appliqué sans craindre qu’il nuise aux plantes elles-mêmes. Surtout –et c’est là l’ironie de la situation actuelle– lorsque Roundup a été introduit, il s’est montré efficace contre les mauvaises herbes qui étaient devenues résistantes aux herbicides utilisés précédemment. Aujourd’hui, c’est Roundup qui est devenu le problème, puisque de plus en plus d’espèces de mauvaises herbes lui sont résistantes, soit jusqu’à sept variétés différentes dans certaines régions. Ce problème de résistance au Roundup a progressé particulièrement rapidement, justement à cause de l’efficacité de cet herbicide. Les agriculteurs en étaient tellement satisfaits qu’ils l’utilisaient année après année, sur les mêmes cultures et aux mêmes endroits; des conditions propices au développement de «super mauvaises herbes».

Pour faire face à cette situation, les multinationales comme Monsanto et Dow Agrosciences développent des variétés de plantes génétiquement modifiées pour résister non seulement au glyphosate, mais aussi au 2,4-D et au Dicamba. Ces deux derniers herbicides, qui sont sur le marché depuis plus de 40 ans, sont efficaces contre les mauvaises herbes résistantes au glyphosate.

Pour identifier les gènes conférant la tolérance au 2,4-D et au Dicamba, les scientifiques ont examiné les bactéries présentes dans le sol de cultures où ces herbicides ont été utilisés. Les bactéries se reproduisant rapidement, elles se sont modifiées par mutation pour résister à ces herbicides. Dans les cas du 2,4-D, le gène a été isolé dans la bactérie Ralstonia eutropha et, pour le Dicamba, dans la bactérie Stenotrophomonas maltophilia.

Les variétés de plantes résistantes au 2,4-D devraient être introduites en 2013 et celles résistantes au Dicamba, en 2014. Toutefois, à mon avis, il ne fait pas de doute que la situation va se répéter d’ici quelques années, à moins que les agriculteurs fassent également appel à des techniques non chimiques pour contrôler les mauvaises herbes, notamment la rotation des cultures et le désherbage mécanique. Ce qui se traduit, en fait, par l’idée de revenir à certains aspects de l’agriculture telle qu’elle était pratiquée dans le «bon vieux temps».

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