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Est-il possible de diagnostiquer une mastite 358 ans après son apparition et ce à partir d’une peinture d’un grand maître? Difficile en apparence mais c’est pourtant ce que tente de réaliser plusieurs chercheurs en étudiant plus en profondeur la toile « Bethsabée au bain » de Rembrandt, peinte en 1654.

La peinture ci-contre, représentant une scène biblique de l’Ancien Testament, met en scène une jeune femme nue avec une expression de tristesse. Il s’agit en fait de Hendrickje Stoffels, la maîtresse du peintre, alors âgée de 28 ans.

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Si on regarde attentivement la composition, on remarque que le sein gauche de la jeune femme a une apparence particulière. En effet, on peut apercevoir des signes de décoloration de la peau, une asymétrie du sein, une enflure dans la région de l’aisselle et de la peau d’orange. Étant donné le réalisme des œuvres de Rembrandt, on ne peut que supposer que le maître a représenté fidèlement l’état de sa maîtresse.

En se basant sur ces signes caractéristiques, certains chercheurs ont d’abord émis l’hypothèse que Hendrickje souffrait en fait d’un cancer du sein. Toutefois, le fait que la maîtresse de Rembrandt ait vécu pendant neuf ans après la réalisation de cette toile, rend l’idée du cancer moins probable. De plus, dans les peintures ultérieures représentant Hendrickje, on ne peut pas discerner de changements permanents du sein gauche ni de déterioration notable de sa condition physique, un signe distinctif des patientes atteints de cancer.

D’autres chercheurs ont donc proposé un diagnostic de mastite tuberculeuse. En effet, cette condition où les cellules mammaires sont infectées par l’agent de la tuberculose, Mycobacterium tuberculosis, est souvent confondue avec une tumeur au sein. Toutefois, il s’agit d’une maladie extrêmement rare car les cellules du sein sont habituellement assez résistantes à ce microbe.

Enfin, l’hypothèse la plus récente serait celle d’un abcès résultant de la complication d’une mastite causée par l’absence d’allaitement. En effet, certains chercheurs croient que Hendrickje aurait pu connaître une fausse couche ou un accouchement prématuré. Puisqu’il est possible d’avoir une montée de lait lorsque la grossesse a duré plus de 16 semaines, la lactation aurait alors pu s’enclencher malgré le décès de l’enfant. Les seins de Hendrickje se seraient donc remplis de lait mais comme il n’y avait pas de bébé pour les vider, l’engorgement se serait installé puis un bouchon se serait créé causant pression et inflammation. Ce triste évènement aurait donc pu mener à une mastite et ultimement à un abcès.

Nous ne saurons vraisemblablement jamais de quoi souffrait Hendrickje lorsque Rembrandt l’a peinte sous les traits de Bethsabée au 17e siècle. Par contre, ces formulations d’hypothèses permettent à la science, à l’art et à l’histoire de se rencontrer pour tenter de résoudre cet étrange mystère.

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