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Une image forte pour coller au message envoyé aujourd’hui par Québec. La grande faucheuse gouvernementale a mis à mort la culture et le journalisme scientifiques d’un grand coup sec. Fini les subventions attribuées aux Débrouillards et à l’Agence Science-Presse, deux fleurons de la presse scientifique québécoise. Un enterrement sans effusion de la part du Ministère de l’Économie, Innovation et Exportations qui souhaite concentrer ses «efforts de subvention sur la préparation de la relève en science plus âgée». (sic)

Une chance pour vous, vous n’êtes pas dans mon bureau. Le sacre y est sonore et ce n’est pas du joual. Trop édulcoré à mon goût. Mes tripes me rappellent mes origines et lâche un tonitruant Putain de ta race! version Guy Delisle. Aucune offense personnelle, c’est juste un tabarnak survitaminé version outre-Atlantique.

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Aujourd’hui, je n’avais pas franchement prévu d’écrire ce billet de blogue. Je penchais plutôt pour l’écriture d’un billet «soft» sur les superbactéries ou l’utilisation des données numériques en santé. Tant pis, je vais y aller d’un billet plein d’austérité pour coller à l’air du temps!

J’aurais pu titrer: J’ai tiré sur vos étoiles. Tu sais, ces scintillantes qu’enfant on voit danser dans la nuit noire, celles qui t’aspires vers la grandeur du cosmos, celles qui te font poser tes premières questions scientifiques. Pourquoi brillent-elles? Suis-je seul dans l’univers? Épaulé par Les Débrouillards, on trouvait des réponses et… on avait encore plus de questions. Insatiable curiosité! Désormais, pour des réponses bien vulgarisées, on repassera…

La mort vous va si bien Ce soir, je vais donc annoncer à ma fille que son magazine risque de s’éteindre. Un peu à la manière d’une supernova. Une explosion rapide qui n’a pas fini de laisser des traces. Car, en tuant la culture et le journalisme scientifiques, tu tues ton avenir, Québec!

Entends-tu ce silence? C’est le son des rêves d’enfants réduits à néant. Comment vont-ils grandir sans culture scientifique, sans cette vision critique d’un monde viscéralement imprégné de sciences? Une vision que le journalisme indépendant à la sauce Agence Science-Presse incarne à merveille.

Hein, j’entends rien. Excuse-moi de t’interpeller, mais comment vas-tu faire cher gouvernement? Tu me dis que tu veux te brancher sur la relève et sur l’entrepreneuriat. L’entrepreneuriat, nous y voilà. Un joli mot de fonctionnaires… qui n’ont jamais interrogé les jeunes entrepreneurs sur leur passion.

Les innovateurs d’aujourd’hui -et ceux de demain- ne sont pas nés avec la fibre d’entrepreneur (revoir vos cours de génétique 101). Les jeunes entrepreneurs ont rêvé la science par le biais notamment des Débrouillards et de l’Agence Science-Presse, deux acteurs incontournables de la promotion de la science.

Ce sont ces rêves de jeunes qui ont permis au Québec de se tailler une place sur le marché mondial des sciences et de la technologie. Tout comme un organisme sans nourriture ne produit rien, l’entrepreneuriat et la relève en sciences péricliteront sans une promotion (indépendante) de la science. Une promotion que toi gouvernement pense suffisante. Honnêtement, je ne vois pas comment tu peux tirer une telle conclusion. Peut-être es-tu mal informée ou manques-tu simplement de vision?

Permets-moi de te rappeler que l’Agence Science-Presse, l’unique agence de presse scientifique dans le monde francophone, rejoint près d’un million de personnes par an via son site Web. En lui coupant 70% de son budget de fonctionnement, 120 000$, tu viens de signer son arrêt de mort et de laisser sur le carreau tous ses lecteurs.

Pourtant, 120 000$, c’est une peccadille pour toi. À peine 1,5 fois le salaire de base d’un député. M’est avis qu’en rebrassant la carte électorale du Québec, on pourrait facilement retrancher deux ou trois postes de députés à l’Assemblée nationale. De quoi financer l’Agence Science-Presse pour deux ans au moins. On jase, là.

Belle ironie du sort, cette coupe drastique (à la hache diront certains bûcherons du mot) est faite par un gouvernement composé de trois ministres scientifiques. J’en ris encore… jaune. Allez, je ne t’embrasse pas. De toute façon, entre nous, c’est marche ou crève désormais! Et moi, j’aime bien la marche…

Conflit d’intérêt potentiel: Je suis journaliste scientifique et mon bureau est situé, en toute indépendance, dans les locaux de l’Agence Science-Presse. Je fais même partie de leur conseil d’administration!

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