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L’investissement inédit en info scientifique dans les médias généralistes qui avait été provoqué par la COVID, n’aura pas été durable. Alors qu’au 21e siècle, les médias devraient normalement investir plus qu’avant en journalisme scientifique, 2023 aura démontré qu’aux États-Unis, c’est plutôt l’inverse qui se produit.

Ça s’inscrit dans le contexte plus large de coupes budgétaires. Selon un rapport d’une firme américaine de consultants en emploi publié au début de décembre, dans l’ensemble du secteur des médias d’information, ce sont près de 2700 emplois qui ont été perdus en 2023. Parmi eux, on note la fermeture de la division climat chez CNBC et de la section science chez FiveThirtyEight, la mise à pied de 20 journalistes chez Wired, la mort de BuzzFeed News, qui abritait une excellente section science. Ainsi que la fermeture de la « version magazine » de Popular Science, un vétéran de 151 ans, qui continuera de produire des contenus en ligne à un rythme encore indéterminé. Et la mise à pied de la majorité des journalistes salariés du prestigieux National Geographic, qui continuera de ne fonctionner qu’avec des pigistes. 

Pages couvertures du National Geographic

Source: National Geographic

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Ce n’est pas un désinvestissement causé par un soudain manque d’intérêt pour l’info scientifique. C’est la crise des médias qui, après une brève interruption « covidienne », frappe à nouveau. Mais le fait qu’elle frappe autant de médias de science, y compris des médias plus que centenaires, n’est pas de bon augure pour une année 2024 pendant laquelle la désinformation, elle, aura plus de canaux pour s’exprimer que jamais auparavant. 

Comme l’écrit l’ex-journaliste du National Geographic Michael Greshko, « les défis les plus difficiles » de notre époque « sont fondamentalement ancrés dans la science: la COVID-19, les changements climatiques, la crise de la biodiversité ». 

Certes, si les prédictions pour le journalisme en général se réalisent, 2024 sera une année où les médias continueront d’expérimenter des formats comme les infolettres et les baladodiffusions, et où des recherches assistées par l’intelligence artificielle prendront davantage de place dans la profession journalistique. Ces prédictions restent toutefois muettes sur la place que les investisseurs, les abonnés ou les décideurs accorderont à l’information scientifique. Mais si, comme le prédit Matt Skibinski, de la firme américaine Newsguard, l’IA est vraiment vouée à « démocratiser la désinformation », on risque d’avoir besoin de plus de journalistes scientifiques, plutôt que de moins. Surtout si la crise climatique s’invite dans les élections et les enjeux sociaux, obligeant les médias à l’intégrer à toutes leurs autres thématiques.

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