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Par Laurie Couture-Dallaire

***Mise à jour en date du 12 novembre : Dans un communiqué de presse publié en matinée le 12 novembre, la compagnie Medicago a reçu le feu vert de Santé Canada afin de commencer les phases 2 et 3 des essais cliniques de son vaccin avec adjuvant. L’adjuvant en question à usage pandémique est produit par GSK, une multinationale britannique.***

La deuxième vague de la COVID-19 bat son plein au Québec. Bien que la majorité de la population assure qu’elles sont nécessaires, les mesures gouvernementales mises en place pèsent lourd sur le moral des Québécois(e)s. Sans remède, le retour à la vie normale se fera toujours attendre. En pleine course au vaccin contre la COVID-19, Medicago a annoncé le 10 novembre que les résultats de l’essai clinique de la phase 1 de son candidat-vaccin sont très encourageants.

Dans un communiqué de presse, la société biopharmaceutique, dont le siège social se situe à Québec, a affirmé que les 180 participants ayant reçu le vaccin expérimental ont développé une forte réponse immunitaire après avoir reçu deux doses. L’essai clinique de phase 1, une étude randomisée partiellement à l’aveugle, a été réalisé auprès d’hommes et de femmes en santé âgés de 18 à 55 ans. La première phase des tests vise à assurer que le vaccin ne comporte aucun risque majeur sur la santé et sert à tester différentes préparations du vaccin. Des prélèvements sanguins sont également réalisés pour déterminer s’il y a une augmentation des anticorps et si celle-ci s’apparente aux personnes ayant déjà contracté le virus. Outre quelques effets secondaires de légers à modérés comparables à tous autres vaccins, aucun effet indésirable majeur a été observé pour le vaccin de Medicago.

Toutefois, les résultats ne sont que préliminaires pour l’instant. Les résultats n’ont pas encore été publiés dans un journal révisé par des pairs. Il reste donc encore plusieurs éléments inconnus à la suite de la phase 1.

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Encore plusieurs mois d’attente

La compagnie québécoise produit un vaccin sur plantes avec adjuvant. Dans son communiqué, Medicago mentionne qu’« un adjuvant peut revêtir une très grande importance en situation de pandémie puisqu'il peut amplifier la réponse immunitaire et réduire la quantité d'antigène nécessaire par dose de vaccin, ce qui permet de produire plus de doses et de protéger plus de personnes ». Produire plus de doses ne signifie cependant pas qu’il est possible d’accélérer le processus dans l’obtention d’un vaccin. Medicago est d’ailleurs en avance de plusieurs années sur le processus normal pour trouver un vaccin. « Je dois vous dire que dans les huit derniers mois, on a fait l’équivalent du travail qu’on fait en 5-6 ans. Donc, c’était vraiment intense », mentionne Nathalie Charland, directrice des affaires scientifiques et médicales chez Medicago, en entrevue à l’émission Première heure à Radio-Canada le 10 novembre.

À l’heure actuelle, la compagnie est en attente de l’autorisation de Santé Canada pour entamer les phases 2 et 3 des essais cliniques. Le vaccin expérimental de Medicago est le seul au Canada à avoir atteint cette phase. Comme le mentionne Charland dans l’entrevue, Medicago a d’ailleurs fait la demande à Santé Canada pour pouvoir combiner les deux dernières phases des tests pour pouvoir accélérer le processus de développement. Si tout va bien et avec l’accord des autorités, la compagnie souhaite commencer la phase 3 à la fin de l’année ou au début de 2021. La phase 3 est la phase d’étude d’efficacité du vaccin. L’objectif de l’entreprise est de livrer les premières doses vers le mois de juin 2021.

Des compétiteurs plus près du but

La veille de l’annonce de Medicago, les compagnies Pfizer et BioNTech avaient annoncé dans un communiqué de presse, que leur vaccin était efficace à 90 %. Encore une fois, la prudence est de mise. Les résultats sont préliminaires et ils proviennent de la première analyse intermédiaire de la phase 3. Toutefois, développer un vaccin avec une telle efficacité est positif.  Selon un article du journal Le Devoir, Santé Canada et la Food and Drug Administration (FDA) ont prévu approuver seulement les candidats-vaccins démontrant une efficacité d’au moins 50 %. Cependant, le vaccin expérimental de Pfizer et BioNTech, compagnie respectivement américaine et allemande, doit être conservé à une température de -65 °C. Un défi de taille si jamais le vaccin est mis sur le marché. À titre comparatif, le vaccin de Medicago se conserve entre 2 °C et 8 °C, soit la température d’un réfrigérateur.

Bref, de nombreuses compagnies travaillent actuellement sur la fabrication d’un vaccin contre la COVID-19. Afin de fournir le monde entier, beaucoup plus d’un vaccin efficace sera nécessaire. « Ce n’est pas vraiment une course entre les compagnies, c’est une course contre le virus. Donc, nous [Medicago], on veut vraiment faire partie de cette course-là et on espère évidemment d’avoir la meilleure efficacité possible avec notre produit », souligne Charland à Radio-Canada. Le Québec entier l’espère aussi !

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Légende photo : Dans un communiqué de presse le 23 octobre dernier, le gouvernement fédéral a annoncé avoir signé un accord avec Medicago pour obtenir 76 millions de doses de son candidat-vaccin. De plus, la compagnie de Québec recevra 173 millions de dollars pour la recherche et le développement du vaccin ainsi que pour la construction d’une installation de production dans le secteur d’Estimauville, à Québec. (Crédit photo : Pixabay)

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