
Serions-nous plus résistants à un empoisonnement au plomb que nos cousins préhistoriques ? C'est ce que suggère une analyse inédite de la composition de 51 dents fossilisées, allant de l'australopithèque d’il y a 2 millions d'années, jusqu'au Néandertalien.
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La trentaine de chercheurs d’Australie et des États-Unis ne minimisent pas l'actuelle exposition au plomb : la vie moderne offre en effet plus d'opportunités que jamais d'être confronté à ce métal lourd. Mais le plomb est aussi un élément naturellement présent dans le sol ou l’eau, et ces chercheurs ont voulu savoir si on pourrait en mesurer la teneur chez des cousins plus ou moins éloignés de l'Homo sapiens.
Et la première réponse est que c'est possible : la teneur la plus élevée a été identifiée dans une dent du Gigantopithecus blacki, un cousin géant de l’orang-outan qui a vécu en Asie jusqu’à voici 200 000 ans. L’étude est parue le 15 octobre dans la revue Science Advances.
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Mais la teneur dans une seule dent ne dit rien de la capacité qu'avait le métabolisme de ces êtres à s'adapter (ou non) au plomb. Dans un deuxième temps, les chercheurs ont donc créé un modèle biologique, appelé organoïde, qui reproduit certaines fonctions du cerveau: l’objectif était de voir si on pouvait identifier des différences dans la façon dont les Homo sapiens et les Néandertaliens s’adaptaient au plomb.
Et la différence se situerait dans un gène, appelé NOVA1, qui réagirait beaucoup mieux chez nous à la présence de ce métal dans notre organisme. Le plomb « est moins neurotoxique pour les humains modernes que pour les Néandertaliens, ce qui aurait été un gros avantage » pour nous face à eux, commente dans le New Scientist le géoarchéologue australien Renaud Joannes-Boyau.
Mais comme le rapporte également le New Scientist, pour les autres experts du domaine, ça reste une recherche préliminaire : autrement dit, l'hypothèse que nous ayons pu avoir un « avantage évolutif » grâce à une résistance au plomb est intéressante, mais elle devra être confirmée. Par davantage de dents ou par davantage d’organoïdes…