C’est que ses pieds étaient comme les nôtres —une arche prononcée, quatre courts orteils et un gros orteil orienté vers l’avant —au contraire des grands singes. C’est la plus ancienne trace d’un pied typiquement humain.
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Nous savons à présent, déclare le géologue britannique Matthew Bennett, qu’il y a un million et demi d’années, « l’Homo erectus pouvait essentiellement marcher avec la même efficacité biomécanique que vous et moi ». C’est d’autant plus important que si on a de nombreux squelettes de l’Homo erectus, on n’a jamais reconstitué un pied complet.
En tout, il s'agit de trois traces de pas, dont une pourrait avoir été laissée par un enfant. Elles ont été découvertes dans le Nord du Kenya, dans deux couches de sédiments, et soumises à des analyses au laser. Le tout fait l’objet d’un article dans l’édition du 27 février de la revue Science.
Et elles génèrent déjà un débat dans la communauté scientifique : est-ce bien un Homo erectus, ou ne serait-ce pas plutôt un Homo habilis?
Mais l’essentiel est ailleurs : des traces de pas plus anciennes encore —3,7 millions d’années— découvertes en Tanzanie en 1978, montraient une empreinte hybride : capable de marcher debout, mais anatomiquement proche des grands singes; c’était un australopithèque. Alors qu’aujourd'hui, avec ces nouvelles traces, les scientifiques sont résolument entrés dans le camp des humains.
Le fait qu’il ait marché debout s’accorde aussi avec le fait qu’Homo erectus a vraisemblablement été le premier de nos ancêtres à quitter l’Afrique pour s’aventurer jusqu’aux confins de l’Asie, plusieurs milliers de kilomètres plus loin. « Il était adapté à une marche de longue distance », poursuit Matthew Bennett, de l’Université Bornemouth (Angleterre).
Ces empreintes, ajoute un autre membre de l’équipe, John Harris de l’Université Rutgers, de concert avec les indices archéologiques des dernières décennies, « soutiennent l’hypothèse d’un hominidé couvrant un large territoire, avec un régime alimentaire amélioré » —sans quoi il ne se serait jamais éloigné de son territoire de chasse original— des « adaptations culturelles et biologiques » qui conduisent progressivement vers nous.