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Pour combattre des fausses rumeurs sur les élections, rien de mieux que de les corriger à l’avance —si on en est capable. C’est ce que conclut une recherche menée dans deux pays qui ont eu plus que leur part de fausses nouvelles sur les élections ces dernières années - les États-Unis et le Brésil.

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Les chercheurs en psychologie et en science politique qui sont derrière cette étude se référent à ce qu’on appelle en anglais le « prebunkng »: littéralement, déboulonner (debunking) une fausse nouvelle avant qu’elle ne se propage. Certains utilisent plutôt, pour décrire cette stratégie, la métaphore de la vaccination: vacciner une personne contre une fausseté avant qu’elle ne se soit répandue.

Brendan Nyhan, du Collège Dartmouth (New Hampshire) et son collègue Jason Reifler, de l’Université de Southampton (Angleterre), se sont intéressés à la rumeur des élections truquées, rumeur répandue après le scrutin de 2020 perdu par Donald Trump, et ont élargi leur étude au Brésil lorsqu’il est devenu clair que les partisans du président défait Jair Bolsonaro y utiliseraient le même argumentaire. Les deux chercheurs et leur équipe ont constaté deux choses:

  • dans les deux pays, la confiance dans les élections augmentait lorsqu’on montrait aux gens des exemples de politiciens du parti perdant qui rejetaient eux-mêmes les allégations de fraude électorale;
  • dans les deux pays, la confiance augmentait également lorsqu’on prévenait à l’avance les gens qu’ils allaient voir passer de la désinformation sur les élections et qu’on leur offrait à l’avance un déboulonnage des futures allégations de fraude. 

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Le deuxième exemple est donc une illustration d’un « prebunking ». Le premier exemple combat les allégations de fraude électorale après le fait : qui plus est, il présente des gens en position d’autorité qui disent tout haut ne pas croire en la rumeur.  

L’étude est parue le 29 août dans la revue Science Advances

Les impacts restent toutefois modestes : par exemple, alors qu’avaient lieu les élections de mi-mandat de 2022 aux États-Unis, la proportion des électeurs républicains qui croyaient que Joe Biden avait bel et bien gagné en 2020, était passée de 32% à 39% chez ceux à qui on a présenté un « prebunking » des fausses allégations de fraude entourant les élections de 2022. Et elle est passée de 32 à 44% chez ceux à qui on a montré des élus républicains influents qui avaient rejeté en 2020 les allégations de fraude. 

S’appuyant sur leurs recherches antérieures sur le sujet —Nyhan a notamment testé la capacité de climatosceptiques à être confrontés aux faits, ou bien celle de nos cerveaux à croire aux fausses nouvelles— les auteurs suggèrent que si le « prebunking » constitue une option prometteuse, c'est parce qu’il apporte une information inédite, à un moment où ces personnes n’ont pas encore été exposées à la fausse information. Or, la toute première info que nous recevons sur un nouveau sujet est souvent celle qui aura le plus fort impact dans nos cerveaux. C’est ce que les psychologues appellent l’effet d’ancrage: l’information initiale que nous recevons influencera notre perspective sur un sujet, colorant tout le contenu que nous recevrons par la suite.

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