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À présent que chacun de nous sait qu’il a 6 999 999 999 semblables, la question-clef devient: quand donc naîtra le 8 milliardième?

Il n’aura fallu que 12 ans pour passer de 6 à 7 milliards. Selon les estimations des Nations Unies, il faudra 14 ans pour atteindre 8 milliards. Ce qui veut dire: la décélération a commencé.

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Nous serons donc 8 milliards en 2025 ou 2026. Et 9 milliards avant la fin des années 2040. Combien de temps faudra-t-il pour que cette décélération atteigne le point zéro? C’est là que les calculs se compliquent.

Les plus optimistes disaient ces dernières années que le sommet de la courbe serait atteint au milieu du siècle, alors qu’on aura dépassé les 9 milliards. Les estimations plus récentes parlent plutôt d’un sommet à 10 ou 11 milliards, dans deux générations.

C’est que, en dépit du fait que la croissance démographique mondiale ait été ramenée à 1,1% par an — contre 2,5% il y a un demi-siècle —, ça représente encore 150 bébés par minute. Avec l’augmentation de l’espérance de vie à l’autre bout, ça fait beaucoup de nouvelles bouches à nourrir.

À partir de combien est-on trop?

Huit ou neuf ou dix milliards, en fait, peu importe: y en aura-t-il assez pour tout le monde... alors que déjà, un milliard d’humains ne mangent pas à leur faim (selon le Programme alimentaire mondial), que les nappes phréatiques diminuent, que les rivières s’assèchent et que des écosystèmes disparaissent?

Facile de trouver cette semaine — le contexte du 7 milliardième — beaucoup de calculs savants qui démontrent que les ressources de la Terre seraient suffisantes pour nourrir et faire boire et chauffer et vêtir tout ce petit monde... si toutes ces ressources étaient équitablement réparties.

Le problème, bien sûr, c’est qu’elles ne sont pas également réparties.

  • Le nombre de gens vivant avec 2$ par jour a doublé au 20e siècle, selon le démographe Joel Cohen, pour dépasser les 3 milliards.
  • Les Américains consomment 25% de l’énergie mondiale, bien qu’ils ne composent que 5% de la population.
  • Les 500 millions les plus riches produisent la moitié des gaz à effet de serre. Les 3 milliards les plus pauvres en émettent 7%.
  • Le nombre moyen d’enfants par femme dans les pays les plus pauvres est de 4,5, contre 1,7 dans les pays les plus riches.
  • Davantage de terres ont été converties à l’agriculture en 30 ans 1950 à 1980 —qu’en 150 ans—1700 à 1850— mais ça ne pourra pas continuer indéfiniment: la quantité de terres arables constitue une des «neuf limites planétaires» identifiées par 23 scientifiques en 2009.

Et c’est là que réside l’inconnu: nous savons qu’il existe des limites à la croissance que la Terre peut supporter, mais personne n’est en mesure de dire avec précision quelles sont toutes ces limites: la quantité maximale de CO2 qu’on peut ajouter dans l’atmosphère avant que celle-ci n’en soit débalancée est-elle de 350, 450 ou 550 parties par million? La quantité maximale de polluants? Le degré d’acidification des océans? Chacune de ces variables, si on dépasse un certain seuil, pourrait en bout de ligne débalancer les calculs les plus optimistes sur une agriculture soi-disant plus efficace et soi-disant capable de nourrir 10 milliards de personnes.

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