L’astronome Carl Sagan, dont le talent de vulgarisateur continue de forcer l’admiration 15 ans après sa mort regrettait, dans son dernier livre, combien les cours de science de sa jeunesse avaient échoué à communiquer chez lui « le sens du merveilleux ».
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J’aimerais pouvoir vous parler des enseignants de science inspirants de mes années d’école élémentaire ou secondaire. Mais quand j’y repense, je n’en trouve aucun. Il y avait la mémorisation mécanique du Tableau périodique, des leviers et des plans inclinés, de la photosynthèse de plantes vertes, et la différence entre l’anthracite et le charbon bitumineux. Mais il n’y avait aucun sens poignant du merveilleux, aucune mise en perspective et rien sur les idées erronées auxquelles tout le monde avait jadis cru. Dans les cours de laboratoire, il y avait une réponse que nous étions censés obtenir. Nous avions une mauvaise note si nous ne l’avions pas... À la fin des livres de classe, il y avait du matériel dont nous pouvions sentir qu’il était intéressant. L’année scolaire prendrait fin avant que nous y arrivions. Vous pouviez trouver des livres merveilleux sur l’astronomie, dans les bibliothèques, mais pas dans la salle de cours.
Or, tout récemment, le rédacteur en chef de la revue Science —la crème de la crème de la recherche scientifique mondiale— Bruce Alberts, s’est fendu de deux éditoriaux sur ce même problème, et pour cause : des pays qui prétendent vouloir former une relève en science auraient tout intérêt à s’assurer que les jeunes la trouvent intéressante à l’école, avant de se demander si le nombre d’heures d'enseignement est adéquat. Plus encore, dit-il en substance : il pourrait être utile de faire en sorte que la majorité de la population ne quitte pas l’école avec la conviction que les sciences, c’est compliqué, ennuyant et élitiste.
Il y a une forte tendance à présumer que le meilleur programme d’études en science est le plus « rigoureux ». Bien que la rigueur puisse apparaître comme un objectif louable, le résultat malheureux de cette vision persistante est que les concepts difficiles sont enseignés trop tôt dans le programme de science, et qu’ils sont enseignés avec une attention excessive aux règles, aux procédures et à la mémorisation mécanique.
On s’éloigne du sujet de ce blogue, qui est la vulgarisation et le journalisme scientifique? Pas tant que ça. Peut-être que les scientifiques qui critiquent le travail des médias et ne comprennent pas le pourquoi et le comment de la communication, devraient-ils s’interroger sur la distance entre la science telle qu’elle est présentée à l’école... et la science telle qu’elle est présentée dans Les Débrouillards. Il y aurait beaucoup à apprendre.